lundi 9 septembre 2019

VTT : grand raid godefroy 160 kms et dodefondo 10


L'objectif de l'année .
Un véritable défi physique . 160 kms . 4500 m D+.
Vous êtes invités à pénétrer en plein cœur du Grand Raid Godefroy.



Évacuons tout de suite les éventuels jeux de mots graveleux du type " t'as pas trop eu mal au cul ?"
Non. J'ai eu beau croiser le fer avec ce Grand raid Godefroy, mon intimité se porte encore très bien.



Ce cher ami Godefroy de Bouillon est le personnage le plus connu de cette commune Belge. Premier propriétaire de l'emblématique château qui surplombe la ville.
Bouillon est un écrin de verdure , cernée de forêts et traversée par un affluent de la Meuse : La Semois.



Le décor est posé. Mettons y les acteurs.
Au milieu de cette immensité verte , les personnages seront aussi nombreux que dans un huis clos. Une centaine de partants vont affronter leur défi personnel, leur croisade intérieure. Godefroy aurait certainement apprécié.



Personnellement, le challenge est de taille. Je n'ai jamais fait si long , ni si pentu.
Alors je me suis préparé. Beaucoup. Comme à chaque fois que la peur se mêle à la préparation.
De base, je ne suis pas un excellent VTTiste , j'ai des lacunes techniques et ma lecture des trajectoires laisse parfois à désirer mais j'ai du coffre, une endurance certaine et une grosse volonté.



J'ai donc roulé sous tous les temps, recherché le dénivelé, réalisé des entraînements spécifiques en côtes et parcouru des distances que je n'avais jamais abordé.
Les heures d'effort ont fait fondre la graisse et gonflées les cuisses. Elles m'ont affuté et préparé . Elles m'ont donné le droit de croire que je pouvais le faire.

Alors j'y ai cru et me voilà enfin au départ de ce Grand Raid.



Comme dans toutes les épreuves "ultra", tout est question de gestion. Gestion de sa forme, de son allure, de son hydratation, de son alimentation , de sa lucidité et de son mental.
La souffrance comme partenaire pleinement acceptée.



Dans ma tête, je n'ai qu'un objectif : atteindre l'unique barrière horaire dans les temps (16 h à Dohan, km 111). De longues minutes vont s'écouler à calculer une allure moyenne susceptible de me faire rallier ce point à temps. Je vais alterner entre de profondes craintes lorsqu'un kilomètre d’ascensions me faisait perdre du temps et des sommets de réjouissances lorsqu'une descente m'offrait l'opportunité de dépasser mes espérances.



Les kms défilent au grès de ces variations émotionnelles. Et avec eux se lève le voile posé sur mes interrogations.
Là est le plus difficile. Tenter d'anticiper un effort dont on ne connaît pas les difficultés.



Les chiffres peuvent être parlants mais ils ne veulent finalement pas dire grand chose. En VTT, la progression dépend tellement du terrain, de sa technicité qu'une côte peut parfois être plus aisée qu'une descente .



Certains passages furent délicats . En dévers, à flanc de collines, plusieurs secteurs m'ont laissé pantelant. J'ai mis plusieurs fois pied à terre , le vélo sur l'épaule,  pour dépasser des obstacles qui me semblaient infranchissables à deux roues.



L'appréhension influence la perception que nous avons de la praticabilité d'un terrain . Plus le raid avançait , plus je me rapprochais de l'arrivée et plus je me rapprochais de l'arrivée, plus j'avais gros à perdre et donc moins je prenais de risques. Cercle vicieux ...



La concentration à son paroxysme érige une muraille autour de mes perceptions. Héritage de la peur, cet instinct, encré au plus profond de notre humanité, nous centre sur l'essentiel : notre survie . Dans le cadre sportif, cela se traduit par une auto analyse constante de ses sensations. Vais je trop vite ?  ai je mal quelque part ? L'ensemble de ces informations assure un dialogue constant au sein de mon organisme. Cet échange interne et muet, se verbalise parfois. J'apprécie d'ailleurs ces moments ou je me surprends à m'encourager ouvertement même si cela signifie souvent que je me retrouve dans une situation compliquée ...
Parce que tel est l'essence même de ce type d'épreuve : le défi.
Et c'est finalement la seule chose qui me procure de réelles émotions.



Avec cette fermeture sur moi-même , je n'arrive pas à lever les yeux pour admirer le paysage. Je suis bien conscient de monter, descendre, franchir des points de vue ... mais je n'en profite absolument pas. C'est marrant, car ce ressenti me rappelle le grand raid du golfe du Morbihan , mon premier long en course à pied.  Les mêmes craintes initiales qui bloquent les perceptions extérieures.

 

Ce que j'ai pu sentir , par contre , c'est un court mais intense épisode pluvieux . Il faut avouer que nous avons eu beaucoup de chance lors de cette édition avec un terrain plutôt sec qui aurait pu être bien plus délicat. Ce léger passage humide m'a fait craindre une fin d'épreuve difficile mais celui ci s'est arrêté aussi vite qu'il a débuté. Tant mieux pour nous ...



Je ne croise plus personne. Je n'ai aucune idée de mon classement et , honnêtement , je m'en fiche complètement. Je sais juste que je suis dans les temps . Je passerai d'ailleurs la barrière horaire avec plusieurs heures d'avance.



Ce point stratégique dépassé, la nervosité et la tension disparaissent progressivement. Je bascule dans un état d'esprit différent ou je commence à profiter un peu plus de mon environnement.
Les ravitos deviennent des oasis dans lesquelles je refais le plein d'énergie mentale et physique pour affronter l'étape suivante. Je ne cherche plus à me brider et je délaisse mon gps pour avancer aux sensations.



Contrairement aux ultras en course à pied ou j'ai tendance à baisser pavillon lorsque je suis persuadé de finir, mon allure, lors de ce raid VTT,  ne s'est pas ralentie. J'ai même augmenté ma moyenne sur la fin du parcours.

Lorsque je rejoins les bords de la Semois , je prends conscience que mon périple touche à sa fin . Quelques mètres pour franchir la ligne, quelques mètres pour profiter une dernière fois de ce challenge que je ne me croyais pas capable de relever il y a un an de cela.



L'entraînement a payé.
Toutes ces heures de selle pour cet objectif .
Finisher



Côté organisation :
Des ravitos copieux et nombreux.
Des bénévoles sympas.
Un balisage nickel.
Le parcours est raide. Le dénivelé se passe franchement bien. C'est plutôt le dévers et les descentes qui mont posé soucis. Cela reflète un déficit technique dont je suis conscient.

 

Un t shirt offert à l'inscription.
Rien à la fin . Dommage

Côté perso :
Et voilà ! encore un défi dans la musette .
J'en suis fier tout en étant un peu frustré de ne pas avoir tellement souffert .
Je finis au milieu du classement (53 ème /101 en 10h19) et j'en suis agréablement surpris.
Je ne le sais pas encore en franchissant la ligne d'arrivée mais je vais devoir observer une longue période de repos à cause de douleurs dans le creux poplité .
Pas grave, l'objectif est rempli .
Place à 2020 !