jeudi 25 février 2016

Duathlon cross de Jurbise


Retour de vacances. Les longs entraînements quotidiens s'achèvent, remplacés par un rythme plus traditionnel.Ces 15 jours m'auront au moins permis de renouer avec le VTT que j'avais rangé sagement au garage dès les premiers frimas de l'hiver.

Cela tombe bien , je teste aujourd'hui le cross duathlon . Quésaco ?

Le cross duathlon est au duathlon ce qu'est le trail à la course sur route : une épreuve nature réduisant les parties bitumées à quelques courtes liaisons.
Comme dans un duathlon traditionnel, le but est d'enchaîner de la course à pied , du vélo et à nouveau de la course à pied.
Les formats de ce type d'épreuve varient de la version XS (2,5kms/10kms/1,25kms) à la version XL (24kms/66kms/12kms)

Aujourd'hui, je me retrouve à Jurbise à côté de Mons en Belgique. Autant j'ai pu apprécier la sècheresse de mon lieu de villégiature hivernale, autant là, je me rends immédiatement compte que je suis de retour dans le nord : de la boue partout, des flaques insondables et des accents inimitables !

Au programme, 4 kms de trail (en 2 boucles boueuses)/ 23 km de VTT (en 2 boucles hypers boueuses) / 2 kms de trail.

En attendant le départ,  il faut apprendre à connaître les rituels de ces épreuves combinées. Plusieurs exemples :
- On ne peut rentrer dans le parc à vélo qu'avec son casque sanglé,
- On ne peut pas laisser de sacs (plastique ou de sport) mais plutôt une caisse rigide pour stocker ses affaires,
- Durant chaque transition, il faut marcher dans le parc à vélo, pas courir,
- Il faut privilégier une ceinture porte dossard afin de placer son dossard devant lors des sections course à pied et derrière en vélo.
Quelques bricoles à connaître pour ne pas rajouter du stress avant d'entamer l'épreuve.

Place à la course, les trifonctions sont de sorties , rutilantes après un hiver passées au chaud. Les températures sont correctes , l'humidité énorme. Le départ est ultra rapide et comme d'habitude, il faut slalomer entre les concurrents pour grappiller quelques places. Malheureusement, pour ce faire, il faut abandonner la trajectoire idéale (la moins boueuse) pour emprunter des flaques de boue ou le moindre appui nous donne l'impression de courir dans de la semoule.

Le tracé en forêt présente une première partie plutôt descendante avant de proposer quelques légers faux plats montants. je gagne quelques places mais je sens bien que le manque de fractionnés se fait sentir sur une aussi courte distance. Je boucle cette portion en 16'42 à la 21 ème place sur 200 classés.

Je rentre dans le parc à vélo, saute sur la bécane et appuie au maximum sur les pédales. Nous traversons un golf, je vois une balle passer juste devant mon vélo, je l'ai échappé belle ...
Cette première boucle va être affreuse. Je vais me faire doubler 45 fois en 11 kms . Je me sens bien ridicule ... je cours plus que je pédale au milieu de marécages. Je me casse la gueule dans les flaques, je pète ma pédale qui s'arrache à moitié, je pose mon VTT dans des trous d'eau, je suis à deux doigts de me noyer. Ma tenue n'est plus reconnaissable, je dois ressembler à un monstre des marais .

Pourtant, je sens que dans les parties plus roulantes, j'arrive à limiter la casse. Cependant, le constat est sans appel : à mi parcours VTT , je suis 66 ème .
La seconde moitié du circuit sera identique. je me ferai moins doubler mais je lâcherai tout de même une quinzaine de places supplémentaires. j'écope ainsi du 66 ème temps sur 200 en VTT (pas si ridicule que ça au final et deux tours avec un chrono identique ) .

Désabusé plus que furieux, je m'élance dans les 2 derniers kms de trail .Mais qu'espérer en 2 kms ?
L'avantage c'est que les places sont proches et je remonte une dizaine de personne dont une à qui il manque une chaussure . Certainement un don à mère nature ...
J'hériterai du 10 ème temps/ 200 dans cette courte partie.

Au final, je boucle l'épreuve 54 ème en 1h45min 39 s.

 Côté organisation :
- balisage nickel
- parcours sympa et très boueux
- inscription de 16 euros avec un bonnet offert
- juges arbitres sympas
- bénévoles bien placés

Côté course :
C'était chouette. Je suis bien conscient d'être limité en vélo par manque de puissance mais j'ai quand même pris du plaisir aujourd'hui. L'essentiel étant ici.
Mon choix de réaliser de plus en plus d'épreuves combinées me convient tout à fait et représentera un des axes sur lequel je mettrai l'accent dans l'avenir.

En attendant, je vais reprendre sérieusement des séances de fractionnés pour être fin prêt lors de l'aquathlon de Lille du 26 mars, théâtre du championnat régional .

résultats ... ICI !

Gruissan Phoebus trail 50 kms

 En une semaine , j'ai pu réaliser deux épreuves sensiblement différentes : le Gruissan Phoebus Trail dans le sud et le duathlon cross de Jurbise en Belgique.
 7 jours d'écarts, 1100 kms plus loin , le grand écart est phénoménal !

Dimanche 14 février, jour de Saint Valentin. Je suis levé aux aurores et  ce n'est pas pour aller acheter des fleurs ni préparer un petit déjeuner romantique. Aujourd'hui, j'accroche le premier dossard de l'année.



Un pas dehors, le ciel est bleu et la température clémente. Seul le chant de la tramontane nous rappelle qu'ici, le vent est souvent roi.

Je connais les lieux comme ma poche , j'y ai vécu les 20 premières années de ma vie et j'y retourne à chaque vacances scolaires. Cela a parfois du bon d'être enseignant ...
Je pars serein. j'ai un temps de référence datant de 2010 et je pense qu'avec une meilleure gestion je dois pouvoir le battre. Seul hic, une petite blessure m'a empêché de courir et pédaler tout le mois de janvier ... Alors j'ai nagé, beaucoup : 50 bornes.
 Et 50 bornes, c'est la distance du jour à réaliser, agrémenter d'un petit 1500 m D+.



Au départ, tout le gratin du TTN est présent : Chartoire, Spelher, Gault .... De mon côté, je me place tranquillement en fond de peloton bien conscient qu'aujourd'hui côté performance, je n'ai rien à attendre de bien particulier.

Dans ma tête, j'anticipe les difficultés : d'abord du plat pour étirer le peloton puis la côte du château d'eau , première difficulté d'un parcours cassant marqué par l'aridité et la caillasse. Tout se réalise sur monotrace.

 

Doubler reste délicat et nous ne sommes pas à l'abri d'une pierre cachée ou d'une branche mal placée causant inévitablement une chute. Il faut donc rester attentif.

J'ai découvert des liaisons que je ne connaissais pas. J'ai redécouvert des coins qui ne m'enchantaient guère. Le tracé est somptueux, bien meilleur que celui de 2010 et bien plus difficile . Un vrai régal pour les yeux, moins pour les jambes qui souffrent de ce profil rarement plat fait de relances et de rampailloux typiques de la clape.



Après une première heure en dedans , j'accélère légèrement . Je profite de la magnifique ascension jusqu'à la vigie d'abord boisée puis "en balcon"  pour contempler une énième fois ce panorama qui ne me lassera jamais.

Une liaison jusqu'au domaine de Pech Redon plus tard, nous basculons, via la traversée du plateau , sur les sentiers du domaine de Moujan.

 

Moujan reste pour de nombreux coureurs Narbonnais, le lieu qui leur a fait découvrir le trail avant que ce mot là n'existe vraiment ...Mon père y court encore plusieurs fois par semaine et j'éprouve un grand plaisir à parcourir ces quelques kilomètres qui nous mèneront au pied de la couleuvre.

La couleuvre est aussi un "mythe" dans le coin. Une bonne grosse bosse bitumée qui permet un formidable travail de puissance et accessoirement de basculer sur les hauteurs de la clape. L'ascension passera par une sente bien raide et caillouteuse qui aboutira à l'antenne relais puis à la table d'orientation. Les difficultés s'enchaînent, la température augmente (19 C) et le vent baisse. Difficile de se croire au cœur de l’hiver !

 

Plus nous avançons , plus nous pénétrons profondément au royaume des pierres jusqu'à sa capitale "la goutine" lit rocailleux que nous remontons après être passé tout prêt de notre dame des Auzils. De grosses marches à escalader, des cailloux plus ou moins grands et fuyants et cette chaleur réverbérée par la roche qui commence à user l'organisme.

Le parcours sublime se dévoile sous nos foulées rasantes.La descente de la falaise et sa remontée via l'arche  nous en mettent plein la vue. Les jambes sont pourtant lourdes avant d'aborder le secteur des capoulades.
Mon mollet droit se contracte un peu trop et les derniers dix kms vont se faire en roue libre . Dommage car je ne pourrais conserver ma moyenne de 10 km/h ...

 

 Nous plongeons sur les berges de l'étang de Gruissan ou la tour Barberousse s'offre à notre regard. Une ultime ascension , dernier moyen de dépenser mes maigres réserves énergétiques et je rallie l'arrivée en 62 ème position en 5h07.

Côté organisation :
- Tant de changement de direction, de petits chemins et aucune erreur, aucune hésitation. Le balisage fut parfait, un des meilleurs auquel j'ai eu à faire.
- Le parcours fut extraordinaire, une réussite totale. Toutes les modifications apportées furent bénéfiques et ont apporté un supplément d'âme à l'épreuve. La clape, c'est la pierre et l'organisation a joué cette carte à fond en présentant un circuit racé et difficile.
- Deux ravitos (29ème et 40ème km) complets
- bénévoles supers nombreux (il me semble avoir entendu le nombre de 250 !) et efficaces.
- inscription abordable (25 euros) avec deux t shirts (pourquoi deux d'ailleurs ?) et une bouteille de vin.



Côté course :
Mon temps comme ma place ne me satisfont pas. J'étais conscient de mes limites du moment aussi je ne m'alarme pas plus que ça. Pourtant cela fait deux courses consécutives ou je passe au travers et je commence à me poser des questions sur mon entraînement.

Afin de repartir sur de bonnes bases, je vais changer mes objectifs à venir et repartir sur une préparation classique à base de fractionnés courts et longs , je vais reprendre de la vitesse afin de m'orienter vers les 10 kms de Louvroil  (13 mars) , le trail des remparts lillois (18 mars) et vers l'aquathlon de Lille (26 mars) .

Ma sortie longue sera maintenue et me servira à travailler mes vitesses de course pour les marathons (de la route du Louvre et du mont Saint Michel) et pour un 100 km (Steenwerck ?).

L'avenir me dira si j'ai eu raison ...

jeudi 18 février 2016

Sports nouveaux, épisode 2 : le run and bike tout seul



On ne choisit pas ses parents , on ne choisit pas sa famille.Ceci, tout le monde le sait et on essaie de s'y adapter du mieux possible. Le problème intervient quand on se rend compte que son propre père, géniteur de l'homme idéal que je suis (n'ayons pas peur des mots) décide de se prendre pour un sportiurge (dérivé de démiurge mais pour le sport).

Souvenez vous du run and find de Charly. Voici l'épisode 2 : le run and bike tout seul .

Lorsqu'on parcourt l'histoire sportive, on observe que bien souvent la création d'une activité est le résultat d'une beuverie : " Et si on tapait les bouchons des bouteilles de champagnes qu'on a torché avec des raquettes ?" ainsi naissait le badminton ...

Parfois, cette créativité découle aussi d'un darwinisme inversé ou d'un milieu consanguin émerge parfois un éclair de génie. " les gars, les gars, j'ai gardé la panse d'un mouton que j'ai égorgé (et c'était pas l'Aïd) , je l'ai fourré de paille et on va se foutre sur la gueule pour savoir qui va réussir à la déposer sur le parvis de l'église du village !" Ainsi naissait le rugby ...

les exemples sont trop nombreux pour être tous cités mais pensez au curling ("donnez moi un balai !"), au saut à ski ("je vole, je vole, oh putain va falloir atterrir") ou au biathlon (sport de prédilection des chasseurs montagnards, "non, même à ski hors de question de lâcher mon fusil ... des fois que je croise une galinette cendrée"). Impossible d'imaginer un être sain d'esprit à l'origine de ces idées fumeuses.

Et bien voilà dans quelle catégorie il faut placer Charly ou mon père : les génies incompris.

Évidemment, dans le rôle du pigeon, l'acteur reste toujours le même : moi. Pauvre bougre , cobaye désigné testeur d'idées lumineuses.

Toutes les vacances, nous avons sillonnés en courant ou en VTT les sentiers sauvages de la Clape ("tas de cailloux" en occitan) . Nous étions toujours sur des monotraces à rechercher des liaisons entre les différents secteurs de ce massif aride et rocailleux. Les routes restent proches et si un problème survient , ces échappatoires nous permettent de retrouver rapidement la civilisation.

Car mon père est habile. Le Rémy Julienne de toute une génération. Je le retrouve plus souvent par terre que sur son vélo. A croire que son cul est allergique à sa selle. Achaque période de vacances , sa blessure :
- Décembre 2015, côtes cassées.
- Toussaint 2015, poignet cassé, chute lors de la première descente de la première sortie.
- Pâques 2015, pincement d'un nerf à la main suite à une chute sur une pierre ... en courant.
Le branquignole du deux roues, l'unijambiste du trail, la carpette sportive.
Autant les autres génies avaient pour excuse leur ascendance ou l'exces d'alcool mais lui , rien. Peut être la sénilité ...

Du coup, ces 15 jours sans accident nous avaient rendus confiant. On était bien chaud, prêts à partir à l'aventure dans des endroits reculés ou certaines espèces animales n'avaient même pas été répertoriées. C'est dire l'aspect sauvage des lieux. Pas d’échappatoire cette fois ci, la poisse nous avait laissés tranquille. La première route carrossable était à des kilomètres. Tout était en place pour une sortie VTT à la wanagain and bistoufly (oui mon père à des expressions de jeun's ...)

Tout avait pourtant bien commencé : des belles côtes caillouteuses, des descentes sinueuses et techniques. Nous atteignions le milieu du parcours, les téléphones ne captaient plus, mon père n'était toujours pas tombé et nous dévalions à fond les manettes (autre expression paternelle) un petit sentier vachement sympa.

Et là, survient le drame. Pas grand chose, une légère flatulence pneumatique mais se transformant rapidement en bruit de sèche cheveux.  Aïe, grosse crevaison. Petite pause, démontage express et constatation des dégâts : chambre pincée, deux belles fentes irréparables.

Nous dans la famille, on est du genre "ça n'arrive qu'aux autres". Une chambre à air de rechange ? pourquoi faire ? dès 50 ans, un dépistage du cancer colorectal ? pas pour moi ! ... pas pour toi, pas pour toi , n'empêche que là on l'a quand même dans le cul et qu'il va falloir rentrer .

Le paternel ne s'affole guère. Son vélo de bourgeois aux suspensions bioniques amortissent la moindre pierre. Le bougre dit faire du VTT. Personnellement, après avoir essayé sa machine, j'ai eu l'impression de faire du vélo sur un matelas : ça s'enfonce, c'est doux, ça rebondit un peu. Il risque pas de transpirer beaucoup, ni d'avoir mal aux épaules. Des fois qu'en plus il soit en relation avec la fédé belge de cross country et qu'il nous cache un petit moteur dans le pédalier ...

Comme tout père qui se respecte, il abandonne donc son fils à son propre sort. La lâcheté n'a pas de limite et mes larmes comme mes cris de désespoir ne lui feront jamais faire demi tour. "Je vais chercher le camion" qu'il a dit. Le père du petit poucet lui a dit pareil avant de l'abandonner dans les bois. D'autant que son camion (qui coûte moins cher que son vélo) ne peut absolument pas se faufiler au milieu de ces portions non carrossables ...

Je m'assois et je réfléchis. Je rigole en regardant cette fameuse chambre à air increvable remplie de produit censé colmater les éventuels trous. J'essaie de replacer des rustines et regonfle le tout dans une ultime tentative désespérée. Et miracle. Cela à l'air de tenir.

j'esquisse quelques pas de danse autour de la chambre à air (façon indien pour attirer la pluie). Un petit rire démoniaque la bouche grande ouverte et pshitt ! fausse joie,  la rustine pète sous la trop grande pression de l'air . Le fameux liquide miracle gicle, j'en prends dans la bouche, j'en ai plein la gueule , c'est dégueulasse. Je ressemble vaguement à Katsumi sur un VTT ( oui j'ai une grosse culture).

Retour à la case départ. la situation est désespérée. Je liste les différentes alternatives qui s'offrent à moi :
- chercher des sentes d'animaux pour poser des pièges et survivre dans ce milieu hostile.
- trouver de l'eau
- se faire une cabane
- faire du feu

Je n'ai pas peur. J'ai vu toutes les saisons de Koh Lanta.
Après des heures de recherche infructueuse sans avoir pu mettre la main sur du manioc, sur une citerne , sur un palmier ou sur un cochon sauvage. Après des heures à crier en vain dans l'obscurité "Denis, j'abandonne".
Je décide d'emprunter l'unique voie qu'il mes reste : le retour en run and bike tout seul.

Une main sur la selle du vélo, une autre sur le guidon et je cours, je cours comme si ma vie en dépendait. Pour ne pas m'endormir,  les pédales viennent régulièrement percuter mes mollets en une piqure douloureuse.
Je croise un autre cycliste qui me regarde bizarrement.Ses yeux s'arrondissent, il n'a du jamais voir un run and bike tout seul.

 Je lui crie comme explication :" je suis semi belge". Quand on balance le mot belge dans une discussion de sudistes, tout est excusé.

J'arriverai finalement au bout de cette formidable sortie. Mon père n'a pas menti, il est effectivement allé chercher le camion ... pour rentrer chez lui.

Je franchis le seuil du domicile familial et ce grand con me sort :  "Alors , il est pas si à la ramasse que ça le vieux hein ?"
J'ai pas compris. Il doit avoir du sang belge lui aussi .