mardi 10 mars 2015

Trail et vie de Chimay : 36 kms

 Et me revoici au départ d'une épreuve dans le plat pays !
Et dire qu'il n'y a pas encore si longtemps je m'imaginais ce territoire gorgé d'eau ou le seul moyen de  déplacement consistait à ramer dans une barque d'un îlot à l'autre.
Fallait m'excuser , mais il y a encore des nordistes qui pensent que nous dans le sud, on a des temps aménagés dans la journée pour faire la sieste ...
Les idées reçues ont la vie dure .

Je sais pas, mais quand je rentre chez moi et que je dis "Belgique", les mecs bavent et commencent à me parler de bière. Certains , pensent même qu'on peut en trouver sur les ravitaillements de certaines courses. Vraiment n'importe quoi !

Alors au lieu de palabrer sans vraiment être sûr de ce que j'avance, cette année, je sillonne la Wallonie pour comprendre les us et coutumes de nos voisins et raconter mes aventures à mes collègues méditerranéens allongés dans leurs hamacs . Courageux , mais pas téméraire, je n'ai pas encore osé tester la partie Flamande vu que je n'arrive pas à orthographier correctement les noms de leurs villes sur mon GPS (Roeselare, Waarschoot ... sexy hein !)

Bref, j'épie les organisations, je dissèque les mentalités, je prélève des échantillons aux ravitos et j'en fait un rapport détaillé.

Aujourd'hui, me voici à Chimay (ouais comme la bière mais d'abord c'est une ville. Par contre Heineken et Kronenebourg ne sont pas des villes belges ... allez comprendre ! ) pour participer au trail et vie , troisième manche du challenge des trails de la foret de Chimay.

Au regard des infos que j'ai pu glaner sur internet, le menu du jour va consister à emprunter des chemins forestiers avec plus ou moins de boue et sans énormes difficultés sur 36 kms. La vitesse va être prépondérante et en ce début d'année, on ne peut pas dire que ce soit ma spécialité.

Le retrait des dossards se fait au sein d'un lieu scolaire , bien clair, avec un balisage efficace , des tonnelles pour prendre un petit déjeuner (offert), des barbecues en préparation pour le repas de midi (offert aussi !) et surtout, un grand soleil, sans nuage, sans pluie. Je décide donc de laisser ma combinaison néoprène, mon masque, mon tuba et mes palmes dans le coffre de mon véhicule et opte pour une tenue plus légère, estivale. Je sors ces vêtements tellement souvent depuis que je suis dans le nord que quelques mites s'échappent du sac dans lequel je les avais stockées !

9h30, heure du départ des deux distances. Je l'ai déjà dit maintes et maintes fois, je déteste ce système ! Je ne sais jamais à quelle place je me trouve. Je peux comprendre la facilité pour les organisateurs, ou l'émulation que cela crée avec la masse mais je n'y adhère absolument pas .
J'ai encore en mémoire le déroulement du trail de Couvin : départ lent et pacmanisation continuelle jusqu'à l'arrivée avec un léger regret de ne pas être parti plus vite.
Même les hamsters y arrivent, je devrais donc apprendre de mes erreurs. Du coup, je prends un meilleur départ, tellement bon, que je suis à deux doigts de monter sur un put*** de quad placé à 10 mètres de la ligne et qui filme afin de réaliser un court métrage de l'épreuve.

L'objectif est fixé sur bibi, je suis furax, je montre les dents, pas rasé depuis une paire de semaines , je dois faire peur façon viking, sauf que je mesure un mètre de moins que la plus petite de leur femme, du coup, je dois ressembler à une belette constipée qui a bien envie d'y faire bouffer sa caméra.
 Évidemment, l'année prochaine, faudra dégager cet engin.

Je repère rapidement le mec qui a fini juste derrière moi lors de l'épreuve précédente. Je sais que la dernière fois son départ avait été bon et que je l'avais rattrapé sur la fin. Je profite donc du lièvre, persuadé d'être parti sur les chapeaux de roues. Après une première partie bitumée en descente puis en côte , nous attaquons les sentes boisées. La chance est avec nous, la météo clémente à assécher de nombreuses portions laissant les bains de boue dans les parties les plus ombragées. Les pièges sont nombreux, nous sautons par dessus les racines, au delà des ruisseaux, surfons sur la boue, enjambons des ronces, fouettons notre poursuivant avec des branches ... bref, 50 nuances de grey version Belgique.
A force d'entendre les "oh oui fait moi mal" du concurrent derrière moi, je décide d'accélérer quelques peu afin de laisser une distance acceptable entre mes fesses et lui. Ce petit coup de fouet (imagé ok) me permet de grappiller quelques places , de rattraper un groupe et dans ma tête, je reste optimiste, persuadé qu'avec ce départ je dois déjà me trouver dans les 10 premiers.

Le premier ravito passe , une boisson ambrée semble remplir quelques verres ? du ice tea ? j'entends les bouchons pétés, quelques camarades se roulent sous les tables en chantant bizarrement, je gagne au moins 10 place grâce à cet attroupement ... je ne m'arrête cependant pas, faudra quand même que j'analyse ça plus tard .

Nous arrivons enfin au carrefour des deux distances, je n'ai aucune idée de ma position mais je sens que je suis bien placé. Tous les concurrents que j'ai en visuel bifurquent ... de mon côté. Comment est ce possible ?, qu'on t ils mangé ? ou bu ? sûr que c'est grâce au ravito, les belges gagnent tout en vélo, fallait bien qu'ils aient un petit secret.
Traîtres, c'est donc ça le pot belge ! Je ne m'inquiètes guère, je sais qu'un second pit stop approche à grand pas et là je vais m'y arrêter , vider leur mixture et voler jusqu'à l'arrivée. ça va chauffer sévère.

D'autant que depuis la séparation des deux distances, j'ai appris que j'étais 12 ème. Franchement, ça m'a mis un coup et physiquement , je l'ai aussi ressenti. Je perds une place supplémentaire et reste stupéfait par ma position que j'imaginais bien meilleure .

Les passages en forêt se succèdent, quelques petites ascensions se présentent de temps à autre, rien de bien méchant, toutes les portions se courent. Je m'accroche tant bien que mal lors de ce passage à vide et comme lors de la noctambule, la distance avançant, mes sensations reviennent progressivement.

Le second ravito se présente enfin. Cette fois ci , pas question de laisser passer l'occase. Je trempe mes lèvres une première fois, hésitant, une seconde fois pour confirmer mes doutes, une troisième fois pour être vraiment sûr . Merde, le verre est vide. Normal, j'en prends un autre. Peut être que chaque verre amène quelque chose de particulier ? Et , c'est vrai qu'après le premier, je me suis senti mieux. Après le second, je me suis senti fort, après le troisième, j'avais plus mal aux jambes vu que je dansais debout sur les tables. Après le quatrième tout le monde était mon ami, après le cinquième un gars m'a foutu dehors en m'expliquant que , soit disant, il n'y en aurait plus pour les suivants... Radins va, voulait tout se garder pour lui.
Je tente bien un retour façon inspecteur Colombo, mais le mec avait du boire un verre qui améliorait l'acuité visuelle car il m'a repéré de loin et m'a indiqué la sortie .

Dommage, mais ce que j'ai pris devrait suffire.
L'accélération tarde pourtant à arriver. J'ai le ventre qui tourne, des gaz qui s'échappent par tous les trous. Étrange, il doit falloir sûrement être habitué. Les magazines préviennent pourtant : toujours tester son ravitaillement pendant l'entraînement pas le jour de la course !

Bref ! Finalement, je sens un petit quelque chose poindre au plus profond de moi : pas une diarrhée mais le sursaut de la bête, inarrêtable, la belette en action ! Je passe de la 13 ème place à la 6 ème dans les 5 ou 6 derniers kms. L'ultime portion présente davantage de difficultés que sur le reste du parcours. J'en avais gardé sous la pédale et j'ai bien fait ! Je passe ainsi la ligne d'arrivée en 2h53 6ème et 3 ème sénior (je le savais pas, du coup je suis pas resté pour les podiums , la bière n'améliore visiblement pas les capacités intellectuelles !)

Je suis plutôt satisfait de ma course. Avec les possibilités du moment, j'ai fait ce que j'ai pu. Je ne travaille pratiquement que l'endurance et j'en récolte les fruits . A tel point que je me suis inscrit aux 80 kms de l'éco trail dans 10 jours sur un coup de tête.
L'objectif de l'année restant , bien entendu, les 243 kms de l'intégrale de Riquet en juillet.

Côté orga :
accueil, bénévoles nickels
parcours roulant mais sympa
départ commun à revoir (pour moi)
quad à virer l'année prochaine !
je ne me suis pas arrêté aux ravitos donc je ne peux en juger la qualité
photographes présents aux points stratégiques (marre boueuse !), merci à eux
15 euros l'inscription pour un petit dej et un repas post course offerts . (tout à fait honnête, moins de 0.50/kms)

 Résultats ... ICI !



photos à venir

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