Je n'ai finalement pas abandonné. Il
s'en est fallu de peu mais j'ai tenu jusqu'au bout . A tort ou à
raison, j'ai serré les dents et continué Anvers et contre tout
(facile celle là …)
Si , au moment du départ, on me
l'avait annoncé, je ne l'aurais jamais cru . Approcher l'abandon sur
un ultra, je peux le comprendre, titiller ses limites lorsque la
chaleur accable l'organisme, lorsque son corps ne peut plus rien
ingérer, cela arrivera certainement un jour. Mais sur marathon …
Tout avait pourtant bien commencé,
j'avais opté pour une course tranquille derrière le ballon des 3h15
avec pour objectif de faire une sortie longue tout en découvrant la
ville d'Anvers. J'ai ainsi pu apprécier l'organisation huilée et
claire, l'exotisme d'un départ ou on ne comprend rien au discours
d'encouragement (en flamand) et la récupération du t-shirt de
finisher alors que la course n'avait pas encore démarrée
(véridique !).
Qu'attendre d'autre de cette commune
belge que de faire les choses à l'Anvers ? ( ouais, j'ai mangé
un paquet de carambars )
Anvers … ité, (et ça continue, ou
va t il s'arrêter ?), tout c'est parfaitement déroulé jusqu'au 15
ème km. J'avais pu profiter du début du parcours avec la traversée
souterraine de l'Escaut par le tunnel Kennedy.
Un bon km dédicacé aux
claustrophobes descendant dans sa première moitié puis montant dans
sa seconde mais bien usant pour celui qui cherchera à faire un
temps.
Le GPS a évidemment perdu le signal
incapable de retrouver un quelconque satellites au travers des mètres
de béton et de flotte qui s'accumulent au dessus de nos si fragiles
têtes . Vu comme ça , cela fait un peu flipper !
Mais il y a pire, en la présence de
braveheart, un écossais sec aux cheveux hirsutes, torse nu, en kilt
et rangers qui gueule des « left, right » en fonction de
ses possibilités de dépassement. Contrairement à ce que penseront
certains, je n'aborderai pas le sujet sur la présence ou pas de sous
vêtements sous la fameuse jupe écossaise !
La ballade était belle, l'ambiance
silencieuse, la concentration tournée vers la réalisation des
objectifs de chacun … jusqu'au 15 ème .
Et là, ce fut le drame !
J'ai ressenti une sorte de décharge
électrique qui partait du tendon d'achille jusqu'au bas des fesses,
puis une crispation derrière la cuisse. Je serre les dents pendant
deux kms, tente de soulager la jambe douloureuse en basculant tout le
poids du corps sur la jambe encore valide. J'adopte une foulée de
canard boiteux ou de danseur de mia (au choix) .
Malheureusement, je suis un piètre
rappeur et un palmipède encore plus ridicule.
Je décide donc de stopper quelques
instants sur le bord de la route afin de tenter des étirements et
des massages qui pourraient me permettre de repartir soulagé.
Le miracle , évidemment, n'a pas eu
lieu … le ballon des 3h15 s'échappe inexorablement pour
disparaître définitivement de mon champ visuel .
Je reste perplexe face au choix qui
s'offre à moi . S'arrêter ou continuer et finir coûte que coûte ?
La réponse s'est imposée d'elle même.
Je ne connais ni la ville, ni la langue. Je n'ai pas d'argent sur moi
et aucun plan à disposition . Abandonner pour aller où et comment ?
J'essaie d'oublier la douleur et
j'enchaîne les foulées. L'allure a fortement baissée, je tourne
entre 5'05 et 5'30 au km et la distance avance lentement. Vu ma
cadence, je me fais doubler de tous les côtés et je tente de
positiver en me disant que cela forge le mental et que ça ne peut
pas faire de mal à l'aube des 240 kms de l'intégrale de Riquet ou
j'aurais obligatoirement à courir avec les jambes douloureuses …
Cependant, entre la sensation
d'épuisement et celle d'une cuisse fragile qu'on sent capable de
péter à tout moment, il y a un monde. J'essaie bien de la soulager
au maximum mais les résultats ne sont pas fameux.
Finalement, au bout d'une dizaine de
km, la douleur redevient supportable, l'impression de crampe
s'atténue sensiblement et cela se ressent au niveau chronométrique.
Je passe de 5'22 (km26) à 4'45 (km27) et je sens que le muscle ne
risque pour l'instant plus de lâcher.
Je reprends donc mon rythme initial et
accélère pour tenter de récupérer le ballon des 3h15. Je redouble
énormément de monde, grisé par ma forme retrouvée. Les kms
défilent plus vite et je me rends rapidement compte que le temps
perdu ne pourra être rattrapé.
Je profite du paysage,
le museum Ann de Stroom
la grande place
et boucle ce périple Belge en 3h 16
min 51 s directement sur la grande place d'Anvers.
Le point d'arrivée étant différent
de celui de départ (de part et d'autre de l'Escaut) il a fallu
trouver comment passer d'un côté à l'autre … toute une histoire
pour trouver quelqu'un qui parle français et qui puisse m'indiquer
(et gentiment m'accompagner) le tunnel piéton (Saint Anne) qui me mènera,
boitillant, directement à la voiture.
Côté orga :
Retrait dossard simple, clair et
efficace.
Ravito en solide trop léger
Une meilleure indication du trajet de
retour serait bénéfique
Pour une cinquantaine d'euros vous
aurez droit à un t shirt, un bidon pour le vélo et une médaille
finisher
Ce marathon n'est pas foncièrement
compliqué mais la présence de pavés, de trottoirs, de relances ne
facilitent pas la réalisation d'un temps record.
Et voilà donc un marathon de plus au
palmarès . Après Barcelone, la Rochelle, la route du Louvres (4
fois), les Yvelines, Rotterdam , voici Anvers !
Côté blessure, je n'ai pas couru
pendant 5 jours et j'ai favorisé la pratique du VTT qui m'était
indolore . Le sixième, j'ai pu enfin tester la cuisse et aucune
douleur n'est venue assombrir l'avenir sportif immédiat. A mon grand
bonheur puisque le 3 mai , je suis inscrit au trail du cap de Creus
en Espagne , beau morceau de 43 kms et 2200 m D+ !
Affaire à suivre !
Résultats ... ICI
Cool que la douleur soit passée.
RépondreSupprimerSinon de mon temps, c'étaient des majorettes qui donnaient les médailles à Anvers, tout se perd !!!
Ben L
non t'inquiètes , c'était toujours le cas !
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