lundi 21 mars 2016

Night trail Madres (NTM)

 

Le grand jour est enfin arrivé. Je ne parle pas de celui du départ de la transe gaule ni de celui de mon mariage. Rien de tout cela .

Non, ce vendredi soir, j'ai eu mon premier rancard avec Charly. Un de ces rendez vous qui marque une vie et qui laisse augurer une belle histoire.

Comme toute première rencontre , j'étais très stressé. J'avais peur d'être trop entreprenant et que mon allusion à Katsumi lors d'un des récits précédents me fasse paraître pour un mec facile.

Mais Charly est un gars prévenant. Il a su trouver les mots ou les gestes pour me détendre. Je n'oublierai pas nos pépitos échangés lors de notre gouter à la frontale. Nos petits secrets partagés sous les derniers rayons de soleil . J'ai été attendri par son doux surnom "prout prout" dont je ne connaissais pas la signification.

Tout en lui était magnifique.

 Car, oui, le cadre de notre premier rendez vous fut d'un romantisme absolu . Imaginez : un petit coin de paradis niché au bord de l'autoroute surplombant une voie cyclable. Nous avions pour mission de veiller sur 3 cordes accrochées à des arbres qui permettaient de descendre une pente courte mais énorme.
Courte et énorme , comme Charly les aime.



Alors, Charly a tâté de la ficelle. Professionnellement. Il les a caressé, senti , pour tester leur fraîcheur et approuvé de son accent chantant : "Elles sont nin abîmées biloute". Un vrai poète trailer .

 Il  a ensuite nettoyé le terrain en retirant les tessons de bouteilles et les branches de sapins afin de nous faire un petit nid douillet . Ses gestes prévenants m'ont rempli de joie.

Cet homme était la fleur de l'humanité. Un de ces gentleman dont on ne trouve trace que dans les vieux livres de littérature anglaise.

Et puis, l'image que je m'étais faite de cet étalon de l'avesnois s'est fissurée comme lorsqu'on se rend compte qu'on a idéalisé un être cher.

Il n'a pas fallu grand chose, un léger mouvement d'air, une petite nuisance olfactive et le cauchemar a débuté.
Je m'étais acoquiné avec monsieur Prout Prout. Comme Michelin avait son bibendum, William Saurin avait Charly. Une véritable mitraillette au bruit aussi puissant qu'une mobylette au pot percé.

Au début, j'ai eu pitié et j'ai placé ce désagrément sur le compte du stress. Certains vomissent , pourquoi d'autres ne pèteraient pas ?
 Mais lorsque je me suis aperçu qu'il plaçait une chorégraphie sur ses détonations, j'ai vite compris que la sinusite dont je souffrais me serait pour une fois bien utile.
Toujours positif, j'ai préféré penser que la danse sonore qu'il jouait devant moi  représentait  une parade nuptiale visant à me séduire.
Je fus cependant ravi lorsque le spectacle pris fin sur une dernière pause à la Usain Bolt accompagnée évidemment d'un ultime hommage aux flageolets.



Je venais de vivre un 14 juillet en plein mois de mars.
 Mais j'étais prêt à passer l'éponge. L'amour rend d'aveugle dit on. Si il pouvait aussi me boucher le nez, cela m'arrangerait.



Malheureusement, en plus de ses talents de danseur, Charly est volage. Dès qu'une femme arrivait à notre poste de surveillance, je n'existais plus. Heureusement Charly est difficile et ses critères féminins sont bien précis. Il préfère la cougar. Pas la cougar  avec des dents, mais celle bien faisandée , qui boîte et qui est toute frippée. Sa soirée atteindra son apogée lorsqu'il verra débarquer une vieille dame de 76 ans a demi agonisante. Et vas y que je me place derrière elle, que je la tiens par les hanches pour la "parer" (moi j'appelle ça du pelotage), Charly ne s'arrêtait plus . Il a même tenter d'obtenir son email , mais la pauvre dame ne savait pas ce que c'était ...

De mon côté, j'étais triste et c'est moi qui me coltinait toutes les jeunes demoiselles (pas au goût de Charly) qui avaient besoin d'une main secourable. Horrible labeur, j'ai vraiment beaucoup souffert .



J'ai finalement dû me rendre à l'évidence : nous n'étions pas fait l'un pour l'autre . Alors j'ai essayé d'apprécier notre soirée différemment en profitant au mieux des instants sympas que nous avions partagé . Les anecdotes furent nombreuses , en voici un florilège non exhaustif :

D'abord, les chutes. Si Madres avait investi un peu plus d'argent pour la location de juges olympiques , sûr qu'on aurait pu sélectionner une dizaine de candidats au podium de l'épreuve du plongeon. On a tout eu :
 - l'écrasement ventral sur le bitume de la voie cyclable. "ça va ?" " ouais m'a répondu le mec en boitant . Il claudiquait tellement que j'ai eu peur que Charly se jette sur lui en le prenant pour une petite vieille ...

- le rouler bouler latéral. Quand le mec se relevait au bas de la pente, il était comme pané de terre , de broussailles et d'autres merdes qui trainaient dans le coin.

- le "belle technique mec ... ah non". Le coureur s'est alors pris pour une star de l'alpinisme. La corde passée dans son dos, il faisait des petits sauts façon "descente en rappel". J'ai eu le malheur de lui dire "ouah, belle technique !" , la seconde suivante , il s'est ramassé la gueule en avant et ses dents doivent encore être plantées dans la pente.

- la froussarde. Une dame plutôt jeune et jolie (loin des standards de Charly donc) était pétrifiée  en haut des cordes. Son conjoint et notre duo de choc étions là tentant de la rassurer "ça à l'air impressionnant mais en fait non c'est très simple vous verrez ...". La pauvre fille commence la descente , gueule ( comme Charly face à un mannequin) sous prétexte que la corde bouge . Elle tremble, pétrifiée, continue à gueuler encore plus fort (style François B. lorsqu'on lui apprend qu'il n'y a plus de jonquille à l'arrivée ... ouais il n'y a pas de raison que seul Charly prenne.). Charly se penche pour l'encourager, son pied glisse , il chute dans la pente , se brûle les mains , arrache la corde , se prend la bonne femme pleine face. Et c'est reparti pour la grande gueulante .



- le vttiste qui a un vélo hors de prix et qui croit que ça suffit à le faire ressembler à Julien Absalon. Autant François et Olivier ont descendu cette fameuse pente avec grâce autant Julien (ouvreur du 14 kms me semble t il ) s'est pris quelques secondes pour superman mais sans ses supers pouvoirs ... une putain de gamelle ! le gars a plié le cintre du vélo et est reparti comme si de rien n'était . Enfin presque, pour que sa bécane roule droit , il devait orienter son guidon à 90 degrès à droite ...

- l'équipe de monteurs belges que quand ils parlent tu comprends rien , tu rigoles quand il rigole pour pas avoir l'air con mais t'as toujours pas saisi ce qu'ils voulaient dire. Le titre est assez parlant.
 J'ai enrichi mon vocabulaire de mots nouveaux comme "escabelle" (escabeau en belge) (merci Olivier. D'ailleurs ,ne trouvez vous pas qu'il ressemble à l'acteur de la série "code Lisa ?)

 

J'ai enrichi ma culture de blagues nouvelles (merci Cécile): quel est le point commun entre un système d'arrosage automatique et une femme a qui tu proposes une sodomie ? pour la solution , allez demander à la grande blonde.

- Le planqué. Te cache pas Gotié , on a bien compris avec Charly pourquoi tu avais pris ta voiture. T'étais en train de te taper un petit somme au chaud hein ? avoue, avoue !



-Les retardataires. Fred fix et son fiston étaient placés un peu plus loin sur le parcours. S'ennuyant ferme, ils sont donc revenus sur leurs pas pour venir taper la discute avec nous. Le problème est apparu lorsque John , en tête du 20 kms, s'est pointé aux cordes. On a vu les deux loustics détaler à une vitesse phénoménale pour rejoindre leur poste avant que John ne passe. Je me demande encore comment ils sont vivants et comment ils ont échappés au claquage . Si vous voulez mon avis, ces deux là doivent tourner au meldonium ...

- les assoiffés, les déguisés et les bizarres . Plus que des mots, voilà des photos !







 

 

 

Ainsi s'achève ce Night Trail de Madres : une organisation aux petits oignons comme la Belgique en propose souvent . Simple mais efficace.

Je me coucherai finalement à 4 heures du mat, seul.  Charly s'est éclipsé plus tôt. Je le soupçonne d'avoir trouvé chaussure à son pied. Sans doute a t il réussi à obtenir le minitel de sa dulcinée grabataire. Sans doute doivent ils être en train de partager un bol de soupe au chou . Si seulement Fernande savait ce qui l'attend sous les draps ...

 


4 commentaires:

  1. hep fais gaffe a ce que tu vas dire sur moi !!

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  2. J'avais râté la référence à Katsumi dans le récit précédent, t'aurais dû mettre une photo.
    Bon là j'attends la suite, curieux et perplexe...
    BenL

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  3. Du grand Charly encore ! lol.......Un client !
    Manu.

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  4. hé jte jure je fais plus rien avec toi !! enc*** !! aaaaaa !!

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