On me l'avait
vendu comme le paradis et on s'en est effectivement approché .
Du haut de ses
43 kms et 2200 m D+ le trail du cap de Creus est un vrai concentré
de nature méditerranéenne.
De la caillasse,
des cactus, des oliviers, des criques enchanteresses, de l'eau
turquoise et la senyera , drapeau catalan, symbole de fierté pour
toute une région.
Une branche de
ma famille est née ici. J'ai pêché mes premiers poissons au sein
de ce territoire. J'y ai des souvenirs d'enfance.
Malheureusement,
étant enseignant, je suis dépendant des vacances scolaires. Celles
ci se déplacent d'une année sur l'autre. Tantôt début avril,
tantôt début mai … il faut donc profiter des opportunités du
moment pour réaliser quelques unes de ces merveilleuses courses
repérées au cœur d'un riche calendrier.
Je l'ai souvent
répété, je n'apprécie pas particulièrement les grosses
ascensions. Marcher pendant de longues minutes me rappelle trop la
randonnée pour me croire encore en course. Ma préparation est
totalement exemptée de ce type de côtes au profit de raidillons que
l'on peut franchir grâce à un bon coup de rein.
Je suis bien
conscient des difficultés que ce type de profil de moyenne montagne
peut offrir ainsi que mes limites face à cet enchaînement de
montées et de descentes . On peut même dire que je les crains. Peur
de se blesser en côte comme lors des Citadelles ou en descente comme
lors de la panoramique de Millas , j'ai ainsi pris le parti de faire
ma course à allure souple, appareil photo à la main, yeux
émerveillés grands ouverts et sourire collé au visage.
Voici le fameux
profil du jour :
Après analyse,
on peut repérer les quatre grosses ascensions du jour. Toutes sont
différentes :
- la première
est de loin la plus longue et la plus difficile.
Placée en début de
course, elle présente l'inconvénient d'offrir un sentier étroit
rendant impossible les dépassements.
Le coureur voulant briller lors
de cette épreuve se doit de partir vite pour éviter tous les
bouchons que j'ai du endurer lors de cette ascension.
Nous montons de
façon régulière en lacet sur des portions ou la marche est
obligatoire pour pratiquement tout le monde. Nous croisons quelques
vaches apeurées par la masse humaine qui fond sur elles.
Après cette
partie ou le gros du dénivelé est engrangé, nous accédons à une
crête que nous allons suivre sur une bonne distance pour atteindre
les ruines de sant salvador saverdera (682 m)
et le monastère de
sant pere de Rodes (510 m). Les images sont saisissantes, dommage que
le soleil ne soit pas au rendez vous. Cette crête rend la
progression difficile par la présence de grosses pierres
enchevêtrées qu'il faut escalader ou enjamber. Beaucoup
apprécieront la technicité du passage. Les kms passent lentement …
pratiquement 2h30 pour 9.5 kms !
J'arrive enfin
au premier ravito. La présence d'olives, de bonbons, de bananes,
d'oranges, d'eau , de pepsi ,de tortillas, de pains à la tomate…
offre un large panel gustatif qui ravira le plus difficile des
trailers. S'ensuit une première longue descente toujours aussi
technique ou les cuisses tapent fort. Je tente de rester relâché,
pour éviter d’ankyloser mes quadriceps. Les intervalles entre
concurrents commencent à s'espacer. J'ai enfin de la place pour
grappiller quelques places .
Nous arrivons au
port de la Selva. Enfin le terrain s'aplanit. Ma foulée retrouve des
repères que les ascensions / descentes ne m'ont pas encore permis de
trouver. J'accélère l'allure et passe de nombreux concurrents
malgré les pauses photos que le magnifique port m'incite à faire.
Le drapeau
catalan danse fièrement au milieu de ce décor de rêve.
Le parcours nous
fait découvrir les petites ruelles du village. Toutes en côte ,
jusqu'à arriver sur un promontoire dévoilant des criques
paradisiaques.
Quelques foulées sur le sable et la seconde ascension
commence. Beaucoup plus courte, beaucoup moins exigeante.
Les roches
déchiquetées sont toujours là , les cactus aussi, mais la partie
ou la marche est obligatoire reste cette fois ci éphémère avant de
laisser la place à des sentiers aux pourcentages plus légers qui
permettent de maintenir une cadence intéressante. Le décor est
grandiose, je ne peux m'empêcher de me retourner pour profiter du
spectacle (Puig bufador 430 m).
La descente sur
Cadaquès reste aussi un grand moment.
Le village en contre bas ,d'un
blanc éclatant, apparaît au grès des virages ou les murets de
pierres se succèdent. Nous sommes au 26 ème , le ravito hébergé
sur les bords de la Méditerranée est pris d’assaut par les
familles des concurrents. L'ambiance est vraiment agréable, le décor
toujours féerique. Je m'arrête régulièrement prendre des photos.
Le chrono aujourd'hui n'a aucune importance .
Je laisse le
fief de Dalí derrière moi pour attaquer la troisième grosse
ascension vers le puig de sa Cruilla (322 m).
Comme pour la seconde
côte, la difficulté est ici modérée. De nombreuses parties
peuvent se courir et nous amènent sur une vue à 360 degrès.
Nous
voyons d'où nous venons et nous pouvons apprécier la suite du
parcours.
A partir d'ici,
nous allons enquiller 7 kms de jouissance totale. De petits sentiers
côtiers, à fleur de falaise avec la mer qui miroite sous les
premiers rayons de soleil qui daignent enfin montrer le bout de leur
nez.
Ces monotraces
sont entrecoupés par la traversée de quelques plages nichées dans
ce paradis minéral.
La cala Joncols et son ravito sous les pins
parasol,
la cala Montjoi, dernier arrêt avant l'arrivée resteront
longtemps dans mes souvenirs. Je profite au maximum de ces moments
hors du temps. Je comprends maintenant pourquoi le site internet de
la course parlait de « paraïso ». J'y suis en plein
dedans .
Malheureusement,
toute bonne chose à une fin et il faut quitter ces criques pour
retourner vers Roses. Rien d’insurmontable en apparence : 7
kms . Mais il faut en avoir gardé sous la pédale pour escalader le
pla de les gates. Longue côte , difficile, ou le soleil enfin
présent nous colle aux pierres du sentier. La chaleur est
étouffante, les derniers mètres compliqués. Les mains sur les
cuisses, il faut pourtant pousser encore et toujours pour atteindre
le sommet ou un troupeau de vaches nous attend , stoïque.
Roses est
visible, juste là, en bas. Plusieurs lacets nous y mènent
directement. Comme durant toute l'épreuve, ces petits chemins
présentent des marches naturelles à descendre, des pièges rocheux
à éviter. Si physiquement je me trouve parfaitement bien, je sens
poindre une crampe à la cuisse droite lors de contractions un peu
poussés (type sauts …).
Tout en retenue,
je finis la dernière longue descente pour atteindre Roses et
parcourir l'ultime km plat qui me mènera à l'arrivée en 6h15 pour
44.5 kms au GPS et 2200 m de D+. (119 ème/ 418 finishers)
J'ai vécu une
course fantastique qui ravira n'importe quel trailer. L'adepte de la
montagne trouvera de quoi faire travailler les cuisses en alliant
l'aspect plage, cactus … extrêmement dépaysant .
La plus belle
course qui m'ait été donné de faire. A faire et refaire !
Côté orga :
- le site internet mériterait une version française surtout avec la proximité de notre territoire et le fort contingent de coureurs francophones présents lors de l'épreuve.
- le prix d'inscription est plutôt élevé. Au delà de l'euro/km qui me tient tant à cœur … (50 ou 55 euros , je ne sais plus trop )
- récompense : un tshirt technique au retrait du dossard ou le nom de la course est floqué sur la manche. Côté promotion de l'épreuve , un flocage pectoral ou dorsal serait plus efficace. Puis un joli tshirt en coton finisher.
- Les ravitos , sans gluten, sont super bien fournis en sucré comme en salé.
- Le parcours et le balisage sont exemplaires.
- La météo joue un rôle important. Cette année, nous avons eu une chaleur et un taux d'humidité élevé. 5 kms et j'étais déjà complètement trempé. Par contre, un jour de chaleur caniculaire, la course doit vite devenir infernale.
- Le lieu de départ est clair, large avec de nombreuses places de parkings
- Présence de photographes exceptionnels. Des clichés magnifique que vous avez pu admirer lors de la lecture de ce compte rendu (quelques photos sont tout de même de moi … les plus moches !)
Prochains
objectifs : les 100 kms de Steenwerck jeudi (sans
accompagnateur) et le raid VTT Paris Roubaix (125 kms) dimanche. De
quoi travailler encore l'endurance !
Résultats ... ICI
une superbe vidéo :
merci encore aux photographes