Au grès des aventure j'ai déjà pu
courir sur de nombreux terrains. Sur bitume ou hors piste , j'ai
escaladé la tour Eiffel comme certains massifs montagneux, j'ai
longé des rivières, des canaux, des mers ou des océans . J'ai
traversé des territoires, tourné en rond pendant des heures
entières , sillonné des mégalopoles européennes mais jamais , au
grand jamais , je n'avais réalisé une épreuve sur un
circuit de
F1.
Et franchement , c'était génial !
Loin de l'idée monotone qu'on l'on
peut se faire d'un tel tracé , les 7 kms de Spa Francorchamps
offrent un profil varié ne laissant que peu de répit et surtout pas
l'ombre d'une portion plane.
Le départ, comme pour nos consœurs à
4 roues, se réalise face à la tribune officielle , vide pour
l'occasion. Nous sommes donc loin de la ferveur populaire d'un
week-end de grand prix …
Et c'est peut être là le principal
point négatif de l'épreuve : une ambiance de veillée funèbre
seulement réhaussée par les hauts parleurs diffusant la macarena
(entre autre) sur l'ensemble du circuit. Fiesta !
Trois lignes départ sont tracées au
sol à 100 m d'intervalle : la première pour le 7 (un tour) et
le 14 kms (deux tours), la seconde pour le semi (trois tours) et la
dernière pour le marathon (six tours). Les appels pour venir se
placer sont faits en flamand. Très pratique pour quelqu'un comme moi
qui n'a croisé dans sa vie, comme seuls flamands , que les roses ,
perchés sur leurs échasses au milieu de l'étang de Gruissan !
Nous récapitulons donc : les
Français sont paumés, les Wallons aussi et c'est par chance que je
me repère grâce à une trace repérée au sol.
A ma grande surprise , nous ne sommes
pas nombreux, une vingtaine tout au plus. Nous serons finalement une
quarantaine dont la moitié a du se tromper de ligne de départ.
Évidemment, au vu de la minceur du
peloton, mon paradigme de départ change complètement . Fini, le
marathon en roue libre, il y a un podium a gratté .
Tous les départs sont réalisés en
même temps, c'est le bordel complet , sauf pour les marathoniens peu
nombreux qui commencent avec aisance et une certaine liberté
gestuelle avant de s'écraser sur la fin du peloton du 7 et du 14
kms coincée dans un goulot d'étranglement . Armés de patience ,
nous franchissons finalement cette zone pour profiter pleinement des
réjouissances du parcours.
D'abord, l'épingle de la source (dans
laquelle se situe le premier ravito ) prémisse à une belle descente
qui nous mènera droit au pied du raidillon de l'eau rouge.
Si il est un endroit emblématique et
légendaire de Spa Francorchamps, c'est bien celui ci . Selon
certains pilotes de Formule 1, l’enchaînement de virages, appelé
‘Eau Rouge’, marque la différence entre les hommes et les jeunes
garçons.
Une côte, pentue, que l'on prolonge
avec une longue ligne droite en faux plat montant (Kemmel ). Je
pense déjà à la galère que représentera l'ultime ascension lors
du sixième et dernier tour. Cette zone permettra de faire des
différences et assurera un tri parmi les candidats à la victoire.
Pour l'instant, après quelques minutes
de course, je pars en tête accompagné par deux jeunes qui m'ont
l'air en forme. Taillés à la hollandaise, grands et fins, je reste
dans leurs foulées pour m'assurer un abri dans les portions ou le
vent souffle défavorablement.
Au bout de Kemmel (2,5 kms, second
ravito) , nous pénétrons dans les combes ou le profil change
complètement. Quelques virages et nous déboulons sur une belle
descente qui invite à délier sa foulée (virage « Bruxelles »,
« Double gauche », « Fagnes », « Campus »
et « courbe Paul frère »). Je tâche de maîtriser la
mienne, conscient qu'un trop grand laisser aller pourrait n’exploser
les cuisses précocement.
Les deux jeunes s'échappent mais je
les rattrape bien vite au profit d'une portion plus difficile
(Blanchimont et chicane)
Cette seconde partie du parcours sera
moins marquée. Pas de grosses côtes ni de vertigineuses descentes
mais toujours une succession de virages offrant des faux plats
piégeux qui vont peser sur les jambes avec l'accumulation des kms.
Je m'arrête à chaque ravitaillement
ou je bois et mange régulièrement. Mes meilleures performances ont
toujours été réalisées dans des circuits fermés ou le passage
régulier devant un point de ravitaillement ritualise mon hydratation
et ma nutrition. Alors je m'y attelle même si je perds à chaque
fois quelques mètres sur mes compagnons de route .
Les tours s'enchaînent et le peloton
s'éclaircit. Les coureurs du 7, du 14 et du semi disparaissent
progressivement , laissant le bitume aux seuls marathoniens .
Au début du troisième tour, Twain, un
des deux jeunes , explose littéralement transformant notre trinôme
en binôme.
A la fin du troisième tour, c'est Carl
qui lâche du lest me laissant seul sans qu'il n'y ait eu une
véritable accélération.
Entre deux eaux, j'hésite sur la
conduite à adopter. Dois je tenter de creuser le trou ou attendre
mon compagnon ? Vigilance ou prise de risques ?
C'est finalement dans mon échauffement
que j'irai chercher la réponse car en guise de préambule, j'avais
déjà réalisé 10 kms (un tour complet de circuit et quelques
accélérations).
Face à la crainte de m'effondrer, je
vais maintenir une allure régulière. Pas d'accélération mais pas
de décélération non plus. L'écart se creuse lentement mais
progressivement et je commence à croire en ma victoire.
Au quatrième tour, lorsque j’atteins
les combes suite à la longue ascension de l'eau rouge et de Kemmel,
Carl me rattrape. Un second souffle ? Son chant du cygne ?
La réponse ne tardera pas à tomber puisqu'il lâchera
définitivement prise dans les ultimes portions venteuses du circuit.
La suite de l'histoire se déroulera
sans heurts. Une progression fluide, régulière ou je double
continuellement du monde. J'adore les circuits fermés. Cela incite à
accélérer constamment son allure pour aller chercher les
concurrents.
La dernière ascension du raidillon ne
s’avérera pas si délicate que ça et je franchis la ligne encore
frais à la première place en 3h06.
tour 1 : 31'13
tour 2 : 31'27
tour 3 : 30'36
tour 4 : 30'50
tour 5 : 30'22
tour 6 : 30'57
L'organisation m'annonce que je suis
finalement second. J'en suis surpris et c'est dans l'organisation du
départ que je pense avoir trouvé l'explication de ce couac.
Pas grave, d'autant que le premier fini
en 2h51. Loin devant et loin de mes capacités du jour. Pas de
regrets donc.
Une rose et une petite coupe en guise
de récompenses et c'est l'heure de rentrer à la maison. Tout va
bien !
Côté organisation :
grand professionnalisme dans la
gestion du parking.
Par contre, pour le départ , gros
couacs. Avec la proximité des francophones, une annonce dans les
deux langues est à envisager pour éviter les écueils du jour.
Il y a 2 ravitaillements sur le
circuit, pas trois comme annoncé sur le site internet. Le troisième
est à l'extérieur du circuit pour offrir de quoi se sustenter aux
finishers.
Peu de spectateurs et donc pas
d'ambiance.
Circuit génial, vraiment. Pas
monotone du tout.
Peu de bénévoles apparents mais
efficaces et sympathiques.
Chaque distance était notée sur
le dossard des coureurs ce qui permettait de savoir qui fait quoi.
La médaille de finisher reste
identique quelque soit la distance . Un petit effort est à réaliser
de ce côté là.
Côté perso :
D'abord, ce marathon est mon 14 ème officiel sur route . Après Barcelone, La Rochelle, Les Yvelines, Le Mont Saint Michel, Rotterdam, Paris, Anvers, Bruxelles, La route du Louvres (5 fois).
La forme est
excellente. Il me manque de la vitesse mais je ne la travaille pas en
ce moment du fait de son inutilité dans les échéances à venir.
Comme
après le trail de Gruissan, le constat reste identique : j'ai
la caisse et il va falloir l'entretenir jusqu'au mois de mai . Je
reste confiant !
Prochaine
étape : les 6 heures de Loos le 24 mars