mardi 10 mai 2016
Raid des 5 villages, longue distance
Me voilà à nouveau en quête d'aventure ! j'ai déjà pu tester la course sous toutes ses formes (bitume, trail, obstacle , organisation ...), j'ai pu essayer les randos vtt, les cyclos, les triathlons, les duathlons, les aquathlons mais jamais, oh grand jamais , je n'avais eu l'occasion de participer à un raid.
C'est désormais chose faite.
Il faut savoir que pour ce genre d'épreuve , il faut monter une équipe et donc bien choisir son camarade d'épopée. Le choix fut dur, car restreint. Trop de saloperies énumérées sur mon blog m'ont créé quelques inimitiés (j'ai pourtant rien contre les hommes qui apprécient les personnes âgées). De fait, au final , mon choix a été simple puisqu'il ne restait qu'une personne disponible : JF.
A l'origine , nous devions nous aligner sur le swimrun du barrage de l'eau d'heure. Cependant, la chaleur excessive de l'eau vive belge (11°c) nous a fait craindre un coup de chaud. Dommage et paraîtrait il que l'an dernier c'était encore plus chaud (13 °c). Étouffant ! limite sauna.
Du coup nous voilà en plein cœur de la Belgique pour vivre une nouvelle expérience.
Si j'étais parti à la pêche aux crocodiles, je serai parti avec Crocodile dundee.
Si j'étais parti à l'assaut d'une montagne, je serai parti avec Maurice Herzog (quand il était vivant , maintenant il grimpe moins bien ...)
Si j'étais parti à la pêche aux cougars , je serai parti avec Charly.
Mais si je devais participer à un raid , j'aurai choisi JF.
Le gars sûr, sympa, toujours relax. Évidemment, toutes les informations qui vont suivre seront réfutées, voire tournées en dérision mais vous me connaissez maintenant je n'exagère jamais , la vérité et seulement la vérité, tel est mon crédo !
L'adage dit qu'au pays des aveugles , les borgnes sont rois. Il faut savoir qu'au pays des madres, c'est JF le roi. Vu l'état mental de cette troupe (aperçu lors du night trail), je n'ose imaginer l'état psychologique du gars qu'ils ont nommé à leur tête. Le mec doit frôler la psychopathie ou un truc dans le genre.
Et c'est pour ça que je l'ai choisi : la peur est le plus grand des moteurs. Avec un ce type au cul, j'ai jamais couru aussi vite, ni pédalé aussi longtemps !
Je me suis pourtant rendu compte que mon diagnostique initial était erroné. Point de psychopatie, le JF est sympa, toujours à demander des nouvelles, à s’intéresser aux autres ... j'ai donc changé de point de vue et j'ai opté pour une sociopathie. Trop gentil pour être honnête. c'est louche.
Mais le JF a une autre grande qualité : il est vicieux. Oui, on dirait pas comme ça , mais c'est une qualité.
voici quelques exemples :
- Un duo un peu dangereux au classement : on lui fout un bidon de 5 l de flotte dans le sac (même si les gars sont du même club que nous !). Seul hic, le duo en question composé de François et Damien ne boit que rarement de l'eau ...et c'est là que l'idée est géniale. Avec de la bière , ils auraient été gênés pendant 30 minutes, le temps de se siffler le fût mais avec de l'eau , pim ! , emmerdés jusqu'au bout !
- Le run and bike en raid ne se déroule pas de la même façon qu'un run and bike traditionnel ou le duo doit toujours rester côte à côte. En habitué, JF m'a briefé à l'avance :"tu pars à vélo , tu prends 200 m d'avance , tu déposes le vélo et tu te barres à fond !" 5 kms plus loin à 3'20 au kms son teint blafard m'a fait comprendre qu'il regrettait déjà son briefing ! "c'est trop rapide pour moi " qu'il dit . Merde JF , il reste 55 kms !
Je ne suis pas tombé des nues ,j'avais déjà relevé des indices d'une surchauffe prématurée : là ou au début il cherchait un poteau, une barrière pour poser tendrement le vtt, à la fin il le balançait dans les champs !
- Mais son vice nous aura surtout servi dans la localisation des balises. Les flics ont des profilers pénétrant la tête des assassins, les orienteurs ont des JF décryptant la façon de penser des organisateurs. A chaque arrêt la même question : "si j'étais à leur place , ou aurais je mis cette foutue balise ?" Les réponses étaient surprenantes et m'ont fait découvrir de nombreux endroits !
Car si JF était la tête de notre binôme , moi j'étais les jambes. Le larbin de Monsieur, qui devait aller poinçonner la petite carte :
- Il m'a envoyé fouiller une mare, l'eau profonde de 30 cms m'arrivait au menton.
- Il m'a fait escalader plusieurs arbres et pas des frênes ou des chênes, non , non , du séquoia géant .
- il m'a demandé de forer un tas de fumier d’où s'échappait un doux fumet.
-Il m'a ordonné de fouiller un champ d'orties à mains nues sous prétexte que les gants du vélo altéraient la perception sensorielle et que je n'allais pas ressentir les vibrations de la balise.
Bref , des idées cons , visiblement bien loin de celles des organisateurs qui se contentaient d'accrocher les précieuses balises à des arbres ! Il s'est cependant bien marré ...
Le problème , c'est qu'avec ces mésaventures, j'étais physiquement au plus mal, les mains brûlantes d'eczema, les vêtements trempés et puants et commotionné par une paire de chutes .
Mais cela ne lui a pas suffit ! il avait visiblement reçu des doléances bien précises .
Alors , après mon physique , il s'en est pris à ma stabilité psychologique !
"Tourne à gauche , à droite ", jusqu'à là je pouvais suivre.
"attention , enchaînement gauche, droite, gauche, gauche" là déjà je commençais à trembler
puis il s'est fait plus précis , "attention virage obtus à gauche enchaîné avec un aigu à droite" . On m'avait pas dit qu'il fallait que je prenne un manuel de géométrie !
enfin, il m'a achevé sur "rotation gauche à 11h, virage à 95°c droite". J'avais mes bras tendus devant moi, je cherchais le 12 h , j'étais en panique totale, j'avais même oublié mon rapporteur à la maison ! mais je suis enseignant en maternelle moi ! je connais pas les heures , les angles et le vocabulaire qui va avec ...
j'étais déboussolé .
Contrairement à lui d'ailleurs.
"On va vers où maintenant JF ?" . Le bonhomme m'a regardé avec son air le plus sérieux et m'a rétorqué : "j'ai la flemme de sortir la boussole du sac" puis a regardé le ciel, le soleil et m'a dit en tendant son doigt vers l'ouest "c'est par là". De l'orienteur de compétition vous ai je dit ! ou un grand truand ... à vous de juger .
Entre une chose et l'autre, notre périple nous a amené à la partie course à pied. Ne voulant pas se faire chahuter comme durant le run and bike , notre ami s'est tout de suite plaint de crampes à la cuisse . Ben voyons ! Fini les 3'20 au km et bienvenue à la contemplation du paysage ! on a même réussi à ne pas écraser d'escargots dans la zone boisée .
Avec tout ça , l'aventure touchait à sa fin.
A ma grande surprise , nous avons gagné . L'imposteur était peut être plus doué que ce que j'imaginais . Nous avons même mis 35 minutes de moins que les seconds . Ce devait être une course cotorep ou truc dans ce genre ce n'est pas possible sinon.
La seconde équipe madres (François et Damien) a disparu des radars . En analysant leur trace gps , nous nous sommes rendus compte qu'ils s'étaient arrêtés à chaque estaminet pour se ravitailler .
La troisième équipe madres (Laurence et Leslie) s'est perdue à la balise 10 ou 24, plus de nouvelles depuis. Tragique disparition dans le triangle des Bermudes belge.
Coté course :
Le raid était constitué de 5 kms de run and bike / 45 kms de VTT avec 24 balises à trouver / 9 kms de course à pied / 15 kms de vtt avec 4 balises.
Les départs étaient échelonnés : chaque minute une équipe débutait.
Nous sommes partis 15ème pour nous retrouver en tête rapidement.
Nous n'avons pas traîné mais la principale différence s'est faite sur l'orientation. JF a fait les bons choix, a su lire la carte pour nous faire passer par des portions parfois plus longues mais plus carrossables et donc au final plus rapides. Sa connaissance , en tant qu'ex futur organisateur du raid Sunny hill nous a permis de trouver quelques balises bien vicieuses.
Le temps en plus était au rendez vous . Un moment très agréable et une expérience que je souhaiterais renouvelée rapidement .
résultats ... ICI !
La peruwelzienne VTT
Le temps étant enfin de la partie, me voici de retour pour découvrir une nouvelle randonnée VTT du côté de la Belgique. Le départ étant à Peruwelz, je connaissais un peu le coin pour avoir fait une sortie course à pied avec Ann et la team madres dans la foret de Bonsecours.
Et pour une fois, je ne suis pas seul ! je suis escorté par Ben l'alchimiste, Clément et Simon qui découvre les joies du deux roues.
Au programme 61 kms, plutôt roulants sous un beau soleil et en agréable compagnie.
Un nouveau coin super sympa à découvrir .
parcours :
dimanche 17 avril 2016
Rando VTT Quaregnon
lundi 21 mars 2016
Night trail Madres (NTM)
Le grand jour est enfin arrivé. Je ne parle pas de celui du départ de la transe gaule ni de celui de mon mariage. Rien de tout cela .
Non, ce vendredi soir, j'ai eu mon premier rancard avec Charly. Un de ces rendez vous qui marque une vie et qui laisse augurer une belle histoire.
Comme toute première rencontre , j'étais très stressé. J'avais peur d'être trop entreprenant et que mon allusion à Katsumi lors d'un des récits précédents me fasse paraître pour un mec facile.
Mais Charly est un gars prévenant. Il a su trouver les mots ou les gestes pour me détendre. Je n'oublierai pas nos pépitos échangés lors de notre gouter à la frontale. Nos petits secrets partagés sous les derniers rayons de soleil . J'ai été attendri par son doux surnom "prout prout" dont je ne connaissais pas la signification.
Tout en lui était magnifique.
Car, oui, le cadre de notre premier rendez vous fut d'un romantisme absolu . Imaginez : un petit coin de paradis niché au bord de l'autoroute surplombant une voie cyclable. Nous avions pour mission de veiller sur 3 cordes accrochées à des arbres qui permettaient de descendre une pente courte mais énorme.
Courte et énorme , comme Charly les aime.
Alors, Charly a tâté de la ficelle. Professionnellement. Il les a caressé, senti , pour tester leur fraîcheur et approuvé de son accent chantant : "Elles sont nin abîmées biloute". Un vrai poète trailer .
Il a ensuite nettoyé le terrain en retirant les tessons de bouteilles et les branches de sapins afin de nous faire un petit nid douillet . Ses gestes prévenants m'ont rempli de joie.
Cet homme était la fleur de l'humanité. Un de ces gentleman dont on ne trouve trace que dans les vieux livres de littérature anglaise.
Et puis, l'image que je m'étais faite de cet étalon de l'avesnois s'est fissurée comme lorsqu'on se rend compte qu'on a idéalisé un être cher.
Il n'a pas fallu grand chose, un léger mouvement d'air, une petite nuisance olfactive et le cauchemar a débuté.
Je m'étais acoquiné avec monsieur Prout Prout. Comme Michelin avait son bibendum, William Saurin avait Charly. Une véritable mitraillette au bruit aussi puissant qu'une mobylette au pot percé.
Au début, j'ai eu pitié et j'ai placé ce désagrément sur le compte du stress. Certains vomissent , pourquoi d'autres ne pèteraient pas ?
Mais lorsque je me suis aperçu qu'il plaçait une chorégraphie sur ses détonations, j'ai vite compris que la sinusite dont je souffrais me serait pour une fois bien utile.
Toujours positif, j'ai préféré penser que la danse sonore qu'il jouait devant moi représentait une parade nuptiale visant à me séduire.
Je fus cependant ravi lorsque le spectacle pris fin sur une dernière pause à la Usain Bolt accompagnée évidemment d'un ultime hommage aux flageolets.
Je venais de vivre un 14 juillet en plein mois de mars.
Mais j'étais prêt à passer l'éponge. L'amour rend d'aveugle dit on. Si il pouvait aussi me boucher le nez, cela m'arrangerait.
Malheureusement, en plus de ses talents de danseur, Charly est volage. Dès qu'une femme arrivait à notre poste de surveillance, je n'existais plus. Heureusement Charly est difficile et ses critères féminins sont bien précis. Il préfère la cougar. Pas la cougar avec des dents, mais celle bien faisandée , qui boîte et qui est toute frippée. Sa soirée atteindra son apogée lorsqu'il verra débarquer une vieille dame de 76 ans a demi agonisante. Et vas y que je me place derrière elle, que je la tiens par les hanches pour la "parer" (moi j'appelle ça du pelotage), Charly ne s'arrêtait plus . Il a même tenter d'obtenir son email , mais la pauvre dame ne savait pas ce que c'était ...
De mon côté, j'étais triste et c'est moi qui me coltinait toutes les jeunes demoiselles (pas au goût de Charly) qui avaient besoin d'une main secourable. Horrible labeur, j'ai vraiment beaucoup souffert .
J'ai finalement dû me rendre à l'évidence : nous n'étions pas fait l'un pour l'autre . Alors j'ai essayé d'apprécier notre soirée différemment en profitant au mieux des instants sympas que nous avions partagé . Les anecdotes furent nombreuses , en voici un florilège non exhaustif :
D'abord, les chutes. Si Madres avait investi un peu plus d'argent pour la location de juges olympiques , sûr qu'on aurait pu sélectionner une dizaine de candidats au podium de l'épreuve du plongeon. On a tout eu :
- l'écrasement ventral sur le bitume de la voie cyclable. "ça va ?" " ouais m'a répondu le mec en boitant . Il claudiquait tellement que j'ai eu peur que Charly se jette sur lui en le prenant pour une petite vieille ...
- le rouler bouler latéral. Quand le mec se relevait au bas de la pente, il était comme pané de terre , de broussailles et d'autres merdes qui trainaient dans le coin.
- le "belle technique mec ... ah non". Le coureur s'est alors pris pour une star de l'alpinisme. La corde passée dans son dos, il faisait des petits sauts façon "descente en rappel". J'ai eu le malheur de lui dire "ouah, belle technique !" , la seconde suivante , il s'est ramassé la gueule en avant et ses dents doivent encore être plantées dans la pente.
- la froussarde. Une dame plutôt jeune et jolie (loin des standards de Charly donc) était pétrifiée en haut des cordes. Son conjoint et notre duo de choc étions là tentant de la rassurer "ça à l'air impressionnant mais en fait non c'est très simple vous verrez ...". La pauvre fille commence la descente , gueule ( comme Charly face à un mannequin) sous prétexte que la corde bouge . Elle tremble, pétrifiée, continue à gueuler encore plus fort (style François B. lorsqu'on lui apprend qu'il n'y a plus de jonquille à l'arrivée ... ouais il n'y a pas de raison que seul Charly prenne.). Charly se penche pour l'encourager, son pied glisse , il chute dans la pente , se brûle les mains , arrache la corde , se prend la bonne femme pleine face. Et c'est reparti pour la grande gueulante .
- le vttiste qui a un vélo hors de prix et qui croit que ça suffit à le faire ressembler à Julien Absalon. Autant François et Olivier ont descendu cette fameuse pente avec grâce autant Julien (ouvreur du 14 kms me semble t il ) s'est pris quelques secondes pour superman mais sans ses supers pouvoirs ... une putain de gamelle ! le gars a plié le cintre du vélo et est reparti comme si de rien n'était . Enfin presque, pour que sa bécane roule droit , il devait orienter son guidon à 90 degrès à droite ...
- l'équipe de monteurs belges que quand ils parlent tu comprends rien , tu rigoles quand il rigole pour pas avoir l'air con mais t'as toujours pas saisi ce qu'ils voulaient dire. Le titre est assez parlant.
J'ai enrichi mon vocabulaire de mots nouveaux comme "escabelle" (escabeau en belge) (merci Olivier. D'ailleurs ,ne trouvez vous pas qu'il ressemble à l'acteur de la série "code Lisa ?)
J'ai enrichi ma culture de blagues nouvelles (merci Cécile): quel est le point commun entre un système d'arrosage automatique et une femme a qui tu proposes une sodomie ? pour la solution , allez demander à la grande blonde.
- Le planqué. Te cache pas Gotié , on a bien compris avec Charly pourquoi tu avais pris ta voiture. T'étais en train de te taper un petit somme au chaud hein ? avoue, avoue !
-Les retardataires. Fred fix et son fiston étaient placés un peu plus loin sur le parcours. S'ennuyant ferme, ils sont donc revenus sur leurs pas pour venir taper la discute avec nous. Le problème est apparu lorsque John , en tête du 20 kms, s'est pointé aux cordes. On a vu les deux loustics détaler à une vitesse phénoménale pour rejoindre leur poste avant que John ne passe. Je me demande encore comment ils sont vivants et comment ils ont échappés au claquage . Si vous voulez mon avis, ces deux là doivent tourner au meldonium ...
- les assoiffés, les déguisés et les bizarres . Plus que des mots, voilà des photos !
Ainsi s'achève ce Night Trail de Madres : une organisation aux petits oignons comme la Belgique en propose souvent . Simple mais efficace.
Je me coucherai finalement à 4 heures du mat, seul. Charly s'est éclipsé plus tôt. Je le soupçonne d'avoir trouvé chaussure à son pied. Sans doute a t il réussi à obtenir le minitel de sa dulcinée grabataire. Sans doute doivent ils être en train de partager un bol de soupe au chou . Si seulement Fernande savait ce qui l'attend sous les draps ...
jeudi 25 février 2016
Duathlon cross de Jurbise
Retour de vacances. Les longs entraînements quotidiens s'achèvent, remplacés par un rythme plus traditionnel.Ces 15 jours m'auront au moins permis de renouer avec le VTT que j'avais rangé sagement au garage dès les premiers frimas de l'hiver.
Cela tombe bien , je teste aujourd'hui le cross duathlon . Quésaco ?
Le cross duathlon est au duathlon ce qu'est le trail à la course sur route : une épreuve nature réduisant les parties bitumées à quelques courtes liaisons.
Comme dans un duathlon traditionnel, le but est d'enchaîner de la course à pied , du vélo et à nouveau de la course à pied.
Les formats de ce type d'épreuve varient de la version XS (2,5kms/10kms/1,25kms) à la version XL (24kms/66kms/12kms)
Aujourd'hui, je me retrouve à Jurbise à côté de Mons en Belgique. Autant j'ai pu apprécier la sècheresse de mon lieu de villégiature hivernale, autant là, je me rends immédiatement compte que je suis de retour dans le nord : de la boue partout, des flaques insondables et des accents inimitables !
Au programme, 4 kms de trail (en 2 boucles boueuses)/ 23 km de VTT (en 2 boucles hypers boueuses) / 2 kms de trail.
En attendant le départ, il faut apprendre à connaître les rituels de ces épreuves combinées. Plusieurs exemples :
- On ne peut rentrer dans le parc à vélo qu'avec son casque sanglé,
- On ne peut pas laisser de sacs (plastique ou de sport) mais plutôt une caisse rigide pour stocker ses affaires,
- Durant chaque transition, il faut marcher dans le parc à vélo, pas courir,
- Il faut privilégier une ceinture porte dossard afin de placer son dossard devant lors des sections course à pied et derrière en vélo.
Quelques bricoles à connaître pour ne pas rajouter du stress avant d'entamer l'épreuve.
Place à la course, les trifonctions sont de sorties , rutilantes après un hiver passées au chaud. Les températures sont correctes , l'humidité énorme. Le départ est ultra rapide et comme d'habitude, il faut slalomer entre les concurrents pour grappiller quelques places. Malheureusement, pour ce faire, il faut abandonner la trajectoire idéale (la moins boueuse) pour emprunter des flaques de boue ou le moindre appui nous donne l'impression de courir dans de la semoule.
Le tracé en forêt présente une première partie plutôt descendante avant de proposer quelques légers faux plats montants. je gagne quelques places mais je sens bien que le manque de fractionnés se fait sentir sur une aussi courte distance. Je boucle cette portion en 16'42 à la 21 ème place sur 200 classés.
Je rentre dans le parc à vélo, saute sur la bécane et appuie au maximum sur les pédales. Nous traversons un golf, je vois une balle passer juste devant mon vélo, je l'ai échappé belle ...
Cette première boucle va être affreuse. Je vais me faire doubler 45 fois en 11 kms . Je me sens bien ridicule ... je cours plus que je pédale au milieu de marécages. Je me casse la gueule dans les flaques, je pète ma pédale qui s'arrache à moitié, je pose mon VTT dans des trous d'eau, je suis à deux doigts de me noyer. Ma tenue n'est plus reconnaissable, je dois ressembler à un monstre des marais .
Pourtant, je sens que dans les parties plus roulantes, j'arrive à limiter la casse. Cependant, le constat est sans appel : à mi parcours VTT , je suis 66 ème .
La seconde moitié du circuit sera identique. je me ferai moins doubler mais je lâcherai tout de même une quinzaine de places supplémentaires. j'écope ainsi du 66 ème temps sur 200 en VTT (pas si ridicule que ça au final et deux tours avec un chrono identique ) .
Désabusé plus que furieux, je m'élance dans les 2 derniers kms de trail .Mais qu'espérer en 2 kms ?
L'avantage c'est que les places sont proches et je remonte une dizaine de personne dont une à qui il manque une chaussure . Certainement un don à mère nature ...
J'hériterai du 10 ème temps/ 200 dans cette courte partie.
Au final, je boucle l'épreuve 54 ème en 1h45min 39 s.
Côté organisation :
- balisage nickel
- parcours sympa et très boueux
- inscription de 16 euros avec un bonnet offert
- juges arbitres sympas
- bénévoles bien placés
Côté course :
C'était chouette. Je suis bien conscient d'être limité en vélo par manque de puissance mais j'ai quand même pris du plaisir aujourd'hui. L'essentiel étant ici.
Mon choix de réaliser de plus en plus d'épreuves combinées me convient tout à fait et représentera un des axes sur lequel je mettrai l'accent dans l'avenir.
En attendant, je vais reprendre sérieusement des séances de fractionnés pour être fin prêt lors de l'aquathlon de Lille du 26 mars, théâtre du championnat régional .
résultats ... ICI !
Gruissan Phoebus trail 50 kms
En une semaine , j'ai pu réaliser deux épreuves sensiblement différentes : le Gruissan Phoebus Trail dans le sud et le duathlon cross de Jurbise en Belgique.
7 jours d'écarts, 1100 kms plus loin , le grand écart est phénoménal !
Dimanche 14 février, jour de Saint Valentin. Je suis levé aux aurores et ce n'est pas pour aller acheter des fleurs ni préparer un petit déjeuner romantique. Aujourd'hui, j'accroche le premier dossard de l'année.
Un pas dehors, le ciel est bleu et la température clémente. Seul le chant de la tramontane nous rappelle qu'ici, le vent est souvent roi.
Je connais les lieux comme ma poche , j'y ai vécu les 20 premières années de ma vie et j'y retourne à chaque vacances scolaires. Cela a parfois du bon d'être enseignant ...
Je pars serein. j'ai un temps de référence datant de 2010 et je pense qu'avec une meilleure gestion je dois pouvoir le battre. Seul hic, une petite blessure m'a empêché de courir et pédaler tout le mois de janvier ... Alors j'ai nagé, beaucoup : 50 bornes.
Et 50 bornes, c'est la distance du jour à réaliser, agrémenter d'un petit 1500 m D+.
Au départ, tout le gratin du TTN est présent : Chartoire, Spelher, Gault .... De mon côté, je me place tranquillement en fond de peloton bien conscient qu'aujourd'hui côté performance, je n'ai rien à attendre de bien particulier.
Dans ma tête, j'anticipe les difficultés : d'abord du plat pour étirer le peloton puis la côte du château d'eau , première difficulté d'un parcours cassant marqué par l'aridité et la caillasse. Tout se réalise sur monotrace.
Doubler reste délicat et nous ne sommes pas à l'abri d'une pierre cachée ou d'une branche mal placée causant inévitablement une chute. Il faut donc rester attentif.
J'ai découvert des liaisons que je ne connaissais pas. J'ai redécouvert des coins qui ne m'enchantaient guère. Le tracé est somptueux, bien meilleur que celui de 2010 et bien plus difficile . Un vrai régal pour les yeux, moins pour les jambes qui souffrent de ce profil rarement plat fait de relances et de rampailloux typiques de la clape.
Après une première heure en dedans , j'accélère légèrement . Je profite de la magnifique ascension jusqu'à la vigie d'abord boisée puis "en balcon" pour contempler une énième fois ce panorama qui ne me lassera jamais.
Une liaison jusqu'au domaine de Pech Redon plus tard, nous basculons, via la traversée du plateau , sur les sentiers du domaine de Moujan.
Moujan reste pour de nombreux coureurs Narbonnais, le lieu qui leur a fait découvrir le trail avant que ce mot là n'existe vraiment ...Mon père y court encore plusieurs fois par semaine et j'éprouve un grand plaisir à parcourir ces quelques kilomètres qui nous mèneront au pied de la couleuvre.
La couleuvre est aussi un "mythe" dans le coin. Une bonne grosse bosse bitumée qui permet un formidable travail de puissance et accessoirement de basculer sur les hauteurs de la clape. L'ascension passera par une sente bien raide et caillouteuse qui aboutira à l'antenne relais puis à la table d'orientation. Les difficultés s'enchaînent, la température augmente (19 C) et le vent baisse. Difficile de se croire au cœur de l’hiver !
Plus nous avançons , plus nous pénétrons profondément au royaume des pierres jusqu'à sa capitale "la goutine" lit rocailleux que nous remontons après être passé tout prêt de notre dame des Auzils. De grosses marches à escalader, des cailloux plus ou moins grands et fuyants et cette chaleur réverbérée par la roche qui commence à user l'organisme.
Le parcours sublime se dévoile sous nos foulées rasantes.La descente de la falaise et sa remontée via l'arche nous en mettent plein la vue. Les jambes sont pourtant lourdes avant d'aborder le secteur des capoulades.
Mon mollet droit se contracte un peu trop et les derniers dix kms vont se faire en roue libre . Dommage car je ne pourrais conserver ma moyenne de 10 km/h ...
Nous plongeons sur les berges de l'étang de Gruissan ou la tour Barberousse s'offre à notre regard. Une ultime ascension , dernier moyen de dépenser mes maigres réserves énergétiques et je rallie l'arrivée en 62 ème position en 5h07.
Côté organisation :
- Tant de changement de direction, de petits chemins et aucune erreur, aucune hésitation. Le balisage fut parfait, un des meilleurs auquel j'ai eu à faire.
- Le parcours fut extraordinaire, une réussite totale. Toutes les modifications apportées furent bénéfiques et ont apporté un supplément d'âme à l'épreuve. La clape, c'est la pierre et l'organisation a joué cette carte à fond en présentant un circuit racé et difficile.
- Deux ravitos (29ème et 40ème km) complets
- bénévoles supers nombreux (il me semble avoir entendu le nombre de 250 !) et efficaces.
- inscription abordable (25 euros) avec deux t shirts (pourquoi deux d'ailleurs ?) et une bouteille de vin.
Côté course :
Mon temps comme ma place ne me satisfont pas. J'étais conscient de mes limites du moment aussi je ne m'alarme pas plus que ça. Pourtant cela fait deux courses consécutives ou je passe au travers et je commence à me poser des questions sur mon entraînement.
Afin de repartir sur de bonnes bases, je vais changer mes objectifs à venir et repartir sur une préparation classique à base de fractionnés courts et longs , je vais reprendre de la vitesse afin de m'orienter vers les 10 kms de Louvroil (13 mars) , le trail des remparts lillois (18 mars) et vers l'aquathlon de Lille (26 mars) .
Ma sortie longue sera maintenue et me servira à travailler mes vitesses de course pour les marathons (de la route du Louvre et du mont Saint Michel) et pour un 100 km (Steenwerck ?).
L'avenir me dira si j'ai eu raison ...
7 jours d'écarts, 1100 kms plus loin , le grand écart est phénoménal !
Dimanche 14 février, jour de Saint Valentin. Je suis levé aux aurores et ce n'est pas pour aller acheter des fleurs ni préparer un petit déjeuner romantique. Aujourd'hui, j'accroche le premier dossard de l'année.
Un pas dehors, le ciel est bleu et la température clémente. Seul le chant de la tramontane nous rappelle qu'ici, le vent est souvent roi.
Je connais les lieux comme ma poche , j'y ai vécu les 20 premières années de ma vie et j'y retourne à chaque vacances scolaires. Cela a parfois du bon d'être enseignant ...
Je pars serein. j'ai un temps de référence datant de 2010 et je pense qu'avec une meilleure gestion je dois pouvoir le battre. Seul hic, une petite blessure m'a empêché de courir et pédaler tout le mois de janvier ... Alors j'ai nagé, beaucoup : 50 bornes.
Et 50 bornes, c'est la distance du jour à réaliser, agrémenter d'un petit 1500 m D+.
Au départ, tout le gratin du TTN est présent : Chartoire, Spelher, Gault .... De mon côté, je me place tranquillement en fond de peloton bien conscient qu'aujourd'hui côté performance, je n'ai rien à attendre de bien particulier.
Dans ma tête, j'anticipe les difficultés : d'abord du plat pour étirer le peloton puis la côte du château d'eau , première difficulté d'un parcours cassant marqué par l'aridité et la caillasse. Tout se réalise sur monotrace.
Doubler reste délicat et nous ne sommes pas à l'abri d'une pierre cachée ou d'une branche mal placée causant inévitablement une chute. Il faut donc rester attentif.
J'ai découvert des liaisons que je ne connaissais pas. J'ai redécouvert des coins qui ne m'enchantaient guère. Le tracé est somptueux, bien meilleur que celui de 2010 et bien plus difficile . Un vrai régal pour les yeux, moins pour les jambes qui souffrent de ce profil rarement plat fait de relances et de rampailloux typiques de la clape.
Après une première heure en dedans , j'accélère légèrement . Je profite de la magnifique ascension jusqu'à la vigie d'abord boisée puis "en balcon" pour contempler une énième fois ce panorama qui ne me lassera jamais.
Une liaison jusqu'au domaine de Pech Redon plus tard, nous basculons, via la traversée du plateau , sur les sentiers du domaine de Moujan.
Moujan reste pour de nombreux coureurs Narbonnais, le lieu qui leur a fait découvrir le trail avant que ce mot là n'existe vraiment ...Mon père y court encore plusieurs fois par semaine et j'éprouve un grand plaisir à parcourir ces quelques kilomètres qui nous mèneront au pied de la couleuvre.
La couleuvre est aussi un "mythe" dans le coin. Une bonne grosse bosse bitumée qui permet un formidable travail de puissance et accessoirement de basculer sur les hauteurs de la clape. L'ascension passera par une sente bien raide et caillouteuse qui aboutira à l'antenne relais puis à la table d'orientation. Les difficultés s'enchaînent, la température augmente (19 C) et le vent baisse. Difficile de se croire au cœur de l’hiver !
Plus nous avançons , plus nous pénétrons profondément au royaume des pierres jusqu'à sa capitale "la goutine" lit rocailleux que nous remontons après être passé tout prêt de notre dame des Auzils. De grosses marches à escalader, des cailloux plus ou moins grands et fuyants et cette chaleur réverbérée par la roche qui commence à user l'organisme.
Le parcours sublime se dévoile sous nos foulées rasantes.La descente de la falaise et sa remontée via l'arche nous en mettent plein la vue. Les jambes sont pourtant lourdes avant d'aborder le secteur des capoulades.
Mon mollet droit se contracte un peu trop et les derniers dix kms vont se faire en roue libre . Dommage car je ne pourrais conserver ma moyenne de 10 km/h ...
Nous plongeons sur les berges de l'étang de Gruissan ou la tour Barberousse s'offre à notre regard. Une ultime ascension , dernier moyen de dépenser mes maigres réserves énergétiques et je rallie l'arrivée en 62 ème position en 5h07.
Côté organisation :
- Tant de changement de direction, de petits chemins et aucune erreur, aucune hésitation. Le balisage fut parfait, un des meilleurs auquel j'ai eu à faire.
- Le parcours fut extraordinaire, une réussite totale. Toutes les modifications apportées furent bénéfiques et ont apporté un supplément d'âme à l'épreuve. La clape, c'est la pierre et l'organisation a joué cette carte à fond en présentant un circuit racé et difficile.
- Deux ravitos (29ème et 40ème km) complets
- bénévoles supers nombreux (il me semble avoir entendu le nombre de 250 !) et efficaces.
- inscription abordable (25 euros) avec deux t shirts (pourquoi deux d'ailleurs ?) et une bouteille de vin.
Côté course :
Mon temps comme ma place ne me satisfont pas. J'étais conscient de mes limites du moment aussi je ne m'alarme pas plus que ça. Pourtant cela fait deux courses consécutives ou je passe au travers et je commence à me poser des questions sur mon entraînement.
Afin de repartir sur de bonnes bases, je vais changer mes objectifs à venir et repartir sur une préparation classique à base de fractionnés courts et longs , je vais reprendre de la vitesse afin de m'orienter vers les 10 kms de Louvroil (13 mars) , le trail des remparts lillois (18 mars) et vers l'aquathlon de Lille (26 mars) .
Ma sortie longue sera maintenue et me servira à travailler mes vitesses de course pour les marathons (de la route du Louvre et du mont Saint Michel) et pour un 100 km (Steenwerck ?).
L'avenir me dira si j'ai eu raison ...
jeudi 18 février 2016
Sports nouveaux, épisode 2 : le run and bike tout seul
On ne choisit pas ses parents , on ne choisit pas sa famille.Ceci, tout le monde le sait et on essaie de s'y adapter du mieux possible. Le problème intervient quand on se rend compte que son propre père, géniteur de l'homme idéal que je suis (n'ayons pas peur des mots) décide de se prendre pour un sportiurge (dérivé de démiurge mais pour le sport).
Souvenez vous du run and find de Charly. Voici l'épisode 2 : le run and bike tout seul .
Lorsqu'on parcourt l'histoire sportive, on observe que bien souvent la création d'une activité est le résultat d'une beuverie : " Et si on tapait les bouchons des bouteilles de champagnes qu'on a torché avec des raquettes ?" ainsi naissait le badminton ...
Parfois, cette créativité découle aussi d'un darwinisme inversé ou d'un milieu consanguin émerge parfois un éclair de génie. " les gars, les gars, j'ai gardé la panse d'un mouton que j'ai égorgé (et c'était pas l'Aïd) , je l'ai fourré de paille et on va se foutre sur la gueule pour savoir qui va réussir à la déposer sur le parvis de l'église du village !" Ainsi naissait le rugby ...
les exemples sont trop nombreux pour être tous cités mais pensez au curling ("donnez moi un balai !"), au saut à ski ("je vole, je vole, oh putain va falloir atterrir") ou au biathlon (sport de prédilection des chasseurs montagnards, "non, même à ski hors de question de lâcher mon fusil ... des fois que je croise une galinette cendrée"). Impossible d'imaginer un être sain d'esprit à l'origine de ces idées fumeuses.
Et bien voilà dans quelle catégorie il faut placer Charly ou mon père : les génies incompris.
Évidemment, dans le rôle du pigeon, l'acteur reste toujours le même : moi. Pauvre bougre , cobaye désigné testeur d'idées lumineuses.
Toutes les vacances, nous avons sillonnés en courant ou en VTT les sentiers sauvages de la Clape ("tas de cailloux" en occitan) . Nous étions toujours sur des monotraces à rechercher des liaisons entre les différents secteurs de ce massif aride et rocailleux. Les routes restent proches et si un problème survient , ces échappatoires nous permettent de retrouver rapidement la civilisation.
Car mon père est habile. Le Rémy Julienne de toute une génération. Je le retrouve plus souvent par terre que sur son vélo. A croire que son cul est allergique à sa selle. Achaque période de vacances , sa blessure :
- Décembre 2015, côtes cassées.
- Toussaint 2015, poignet cassé, chute lors de la première descente de la première sortie.
- Pâques 2015, pincement d'un nerf à la main suite à une chute sur une pierre ... en courant.
Le branquignole du deux roues, l'unijambiste du trail, la carpette sportive.
Autant les autres génies avaient pour excuse leur ascendance ou l'exces d'alcool mais lui , rien. Peut être la sénilité ...
Du coup, ces 15 jours sans accident nous avaient rendus confiant. On était bien chaud, prêts à partir à l'aventure dans des endroits reculés ou certaines espèces animales n'avaient même pas été répertoriées. C'est dire l'aspect sauvage des lieux. Pas d’échappatoire cette fois ci, la poisse nous avait laissés tranquille. La première route carrossable était à des kilomètres. Tout était en place pour une sortie VTT à la wanagain and bistoufly (oui mon père à des expressions de jeun's ...)
Tout avait pourtant bien commencé : des belles côtes caillouteuses, des descentes sinueuses et techniques. Nous atteignions le milieu du parcours, les téléphones ne captaient plus, mon père n'était toujours pas tombé et nous dévalions à fond les manettes (autre expression paternelle) un petit sentier vachement sympa.
Et là, survient le drame. Pas grand chose, une légère flatulence pneumatique mais se transformant rapidement en bruit de sèche cheveux. Aïe, grosse crevaison. Petite pause, démontage express et constatation des dégâts : chambre pincée, deux belles fentes irréparables.
Nous dans la famille, on est du genre "ça n'arrive qu'aux autres". Une chambre à air de rechange ? pourquoi faire ? dès 50 ans, un dépistage du cancer colorectal ? pas pour moi ! ... pas pour toi, pas pour toi , n'empêche que là on l'a quand même dans le cul et qu'il va falloir rentrer .
Le paternel ne s'affole guère. Son vélo de bourgeois aux suspensions bioniques amortissent la moindre pierre. Le bougre dit faire du VTT. Personnellement, après avoir essayé sa machine, j'ai eu l'impression de faire du vélo sur un matelas : ça s'enfonce, c'est doux, ça rebondit un peu. Il risque pas de transpirer beaucoup, ni d'avoir mal aux épaules. Des fois qu'en plus il soit en relation avec la fédé belge de cross country et qu'il nous cache un petit moteur dans le pédalier ...
Comme tout père qui se respecte, il abandonne donc son fils à son propre sort. La lâcheté n'a pas de limite et mes larmes comme mes cris de désespoir ne lui feront jamais faire demi tour. "Je vais chercher le camion" qu'il a dit. Le père du petit poucet lui a dit pareil avant de l'abandonner dans les bois. D'autant que son camion (qui coûte moins cher que son vélo) ne peut absolument pas se faufiler au milieu de ces portions non carrossables ...
Je m'assois et je réfléchis. Je rigole en regardant cette fameuse chambre à air increvable remplie de produit censé colmater les éventuels trous. J'essaie de replacer des rustines et regonfle le tout dans une ultime tentative désespérée. Et miracle. Cela à l'air de tenir.
j'esquisse quelques pas de danse autour de la chambre à air (façon indien pour attirer la pluie). Un petit rire démoniaque la bouche grande ouverte et pshitt ! fausse joie, la rustine pète sous la trop grande pression de l'air . Le fameux liquide miracle gicle, j'en prends dans la bouche, j'en ai plein la gueule , c'est dégueulasse. Je ressemble vaguement à Katsumi sur un VTT ( oui j'ai une grosse culture).
Retour à la case départ. la situation est désespérée. Je liste les différentes alternatives qui s'offrent à moi :
- chercher des sentes d'animaux pour poser des pièges et survivre dans ce milieu hostile.
- trouver de l'eau
- se faire une cabane
- faire du feu
Je n'ai pas peur. J'ai vu toutes les saisons de Koh Lanta.
Après des heures de recherche infructueuse sans avoir pu mettre la main sur du manioc, sur une citerne , sur un palmier ou sur un cochon sauvage. Après des heures à crier en vain dans l'obscurité "Denis, j'abandonne".
Je décide d'emprunter l'unique voie qu'il mes reste : le retour en run and bike tout seul.
Une main sur la selle du vélo, une autre sur le guidon et je cours, je cours comme si ma vie en dépendait. Pour ne pas m'endormir, les pédales viennent régulièrement percuter mes mollets en une piqure douloureuse.
Je croise un autre cycliste qui me regarde bizarrement.Ses yeux s'arrondissent, il n'a du jamais voir un run and bike tout seul.
Je lui crie comme explication :" je suis semi belge". Quand on balance le mot belge dans une discussion de sudistes, tout est excusé.
J'arriverai finalement au bout de cette formidable sortie. Mon père n'a pas menti, il est effectivement allé chercher le camion ... pour rentrer chez lui.
Je franchis le seuil du domicile familial et ce grand con me sort : "Alors , il est pas si à la ramasse que ça le vieux hein ?"
J'ai pas compris. Il doit avoir du sang belge lui aussi .
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