19 h , le départ est donné.
Je m'élance dans le peloton bien décidé à respecter mon plan à la lettre : 9 km/h , pas plus. Je me fais pas mal doubler, le rythme de certain est assez élevé et je laisse les suicidaires partir pied au plancher persuadé que d'ici quelques heures je vais les retrouver à l'agonie sur le bord de la route .
L'erreur que je ne voulais pas commettre sur cette course , c'était de faire un décompte des kms par rapport à l'arrivée, de peur de prendre un bon coup de bambou derrière la casquette. Du coup, je découpe l'épreuve en étape , 13 exactement correspondant aux divers ravitaillements mis en place sur le tracé. A chaque départ de ravito, je contrôle la distance qu'il me reste à parcourir pour atteindre le suivant et comme celle ci se situe entre 10 et 20 kms cela facilite la progression !
Revenons à la course : mon GPS m'aide au début à ne pas me précipiter , à ne pas me laisser embarquer par un rythme qui risque de me laisser des traces dans quelques heures. Bien entendu, tout va bien pour l'instant et je ne profite pas réellement des paysages concentré sur mon allure. Le premier ravitaillement (au 18.5 kms ) est atteint en 1h56 (202 ème), je ne m'attarde pas , quelques morceaux de chocolat, de banane, quelques gorgées de coca et c'est reparti direction Noyalo pour 19.5 kms de routes et chemins pas très agréables .
La nuit nous rattrape, les contrôleurs nous arrêtent pour nous demander d'allumer les frontales à quelques encablures de la fin de cette seconde étape. Au ravito, le manège et le même que précédemment : je mange, bois et rempli la poche à eau. 38 kms ( 4h02 et 121 ème) dans les jambes et ça va , la fraicheur se fait sentir, offrant plusieurs heures de répits à nos organismes déjà meurtri par la chaleur.
Direction Sarzeau , autrement dit le tiers de l'épreuve. Il fait nuit et j'ai l'impression de ne courir que sur de la route . vu que l'obscurité est totale, le peu de chemins côtiers ne nous permet pas de nous émerveiller des paysages . Mais il faut avancer , toujours, et c'est ce que je fais de façon toujours aussi régulière pour boucler les 58.3 kms en 6:23:37 et 67 ème.
Pour l'instant ,je ne suis pas entamé, je me force à manger quelques pâtes , à réaliser toujours les mêmes rituels , boire, manger, remplir, repartir. Je n'ai pas vraiment de souvenir de cette première partie, quelques bribes seulement mais je sais que jusqu'à là le parcours m'a quelque peu déçu.
Oui , mais voilà ... l’inconvénient quand on ne connaît pas le parcours c'est qu'on ne sait pas à quoi s'attendre ! La suite du tracé jusqu'à l'arrivée , hormis encore plusieurs portions de route , va se dérouler sur sentiers côtiers . Cool, de l'ombre ! c'est certain ... oui mais moins cool les cailloux , moins cool les racines et encore beaucoup moins cool les ESCALIERS. Des marches et des marches, jamais beaucoup, trois par ci, cinq par là mais l'accumulation fait mal, très mal.
L'esprit doit rester clair, l'attention centrée ou la chute arrive vite (surtout la nuit !).
Mais ça va toujours et même si je suis souvent seul et que je ne connais pas ma place, je sens que je grapille des positions. Trop ? peut être ... et je commence à m'affoler lorsque au 79.3 kms je rattrape au ravitaillement un groupe de coureurs dans lequel se trouve Christian Efflam , vainqueur 2010 du grand raid du Morbihan .
Paradoxalement, Je crois que c'est là que je me suis posé les premières grosses questions de la course ... A SUIVRE
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