Comme chaque année , février rime avec le Gruissan Poli trail. Que ce soit en course (lorsque les vacances le permettent) ou en off , j'ai pris l'habitude de parcourir ces sentiers que je connais par coeur.
Cette épreuve met en relief le joyau de nature que représente la clape. Ce nom, issu de l'occitan, signifie littéralement "tas de cailloux" et offre un aperçu clair de ce que l'on va trouver durant ces 50 kms et 1550 m de D+.
La pierre , l'eau ( de la mer ou de l'étang) , le vent et les résineux demeurent les piliers de cette première manche du trail tour national. Et pour un tel enjeu, il fallait son lot de stars : Cori, Gault ... émergent d'un peloton offrant un plateau de favoris digne des grands rendez vous du calendrier.
Pour ma part, je souhaite aujourd'hui valider une étape supplémentaire dans ma préparation pour l'ultr'ardèche en suivant un rythme régulier au dessus des 10 km/h de moyenne.
Mon regard sur l'épreuve se rapproche de celui que je portais sur le trail des gueules noires : un parcours éreintant ou il faut savoir s'épargner pour ne pas terminer à l'agonie.
Pourtant, les singles fréquents proposés par l'organisation n'étant pas propices au doublement, il faut aussi être capable de partir vite sur les 2 premiers kilomètres (larges et roulants ) afin de se placer convenablement et éviter ainsi les bouchons inévitables en début de course.
Telle fut ma stratégie et même en démarrant à 4'30 au km, je me retrouve englué autour de la 120 ème place.
Qu'importe, la course est longue et l'écrémage se fera au grès des kms et de la succession des côtes.
La perception d'une distance peut varier en fonction de différents facteurs. La fatigue, évidemment, rend le cheminement beaucoup plus long et difficile. La connaissance du terrain par contre favorise une accumulation rapide des kms . Notre mental trouve toujours des stratégies pour fractionner un gros morceau en parties plus courtes afin d'établir des étapes intermédiaires .
Cette tactique assure une valorisation de la performance par la réussite de ces objectifs successifs et permet à l'athlète d'affronter une longue distance beaucoup plus sereinement.
Ainsi, dès le départ, se dessine clairement dans ma tête le cheminement virtuel auquel je vais être confronté. Celui ci m'a permis d'avoir la sensation d'une course rapide là où finalement j'ai passé pratiquement 5 h sur les chemins .
Outre ce départ qui n'a finalement pour seul but que celui d'étirer le peloton avant l'énorme côte du château d'eau, le premier secteur nous offre une multitude de singles joueurs . La proximité physique des branches offre au coureur le sentiment de se retrouver à zigzaguer dans un tunnel à ciel ouvert. Cette sensation de quasi confinement , très agréable, donne un peu l'impression de slalomer, tel un skieur , entre les pins. Les virages plus ou moins serrés s'enroulent autour des résineux pour mieux présenter la côte , la descente ou la relance suivante du parcours.
C'est grisant et de nombreux coureurs vont s'y brûler les jambes.
Le second secteur de l'épreuve présente une belle côte : la vigie. Longue ascension en deux parties, d'abord caillouteuse jusqu'à la station météo puis bien plus raide jusqu'au plateau , elle participe au travail de sape du parcours. C'est le type de montée ou on peut gagner peu mais ou l'on peut perdre beaucoup si on s'est mis un peu trop dans le rouge .
Il faut donc grimper au rythme , garder de l'énergie pour pouvoir envoyer une belle foulée dans la partie roulante qui mène à Moujan en passant par le domaine de Pech Redon . Ma remontée au classement continue et je me rapproche de la tête de course féminine.
Nous atteignons enfin le premier ravitaillement , au pied de la couleuvre, au pied de la portion la plus compliquée du jour. Les prochains kms vont nous offrir de belles difficultés :
- la montée jusqu'à l'antenne relais
- celle sur le plateau
- le single vers notre dame des Auzils
- et la goutine
4 zones rocailleuses, 4 zones arides qui brûlent la peau en plein été mais brûlent les jambes en pleine course.
Pour moi cette partie représente la zone de vérité de l'épreuve. C'est ici que tout se perd ou se gagne. Ma connaissance du parcours me permet de gérer ce passage avec une certaine aisance et de remonter encore et toujours au classement.
Nos circonvolutions dans la clape nous ramènent près de l'étang de Gruissan ou la tour Barberousse veille majestueuse sur le panorama marin.
Le second ravito (km 40) demeure la dernière oasis de repos avant les dernières délicatesses du circuit.
Outre les innombrables petits raidillons autour des capoulades, le tracé donne toujours l'impression de se diriger vers l'arrivée . Mais l'organisation s'est amusée à insérer de nombreux bonus rendant le retour vers la salle polyvalente beaucoup moins direct que ce que l'on pourrait s'imaginer !
Dernière côte, dernier regard vers le somptueux décor et le dernier km s'effectuera sur partie plane avec le fiston. Je suis bien, content de ma gestion et je termine en 4h42 à la 27 ème place.
Les jambes allant bien , je décide donc de rentrer à la voiture en courant sur quelques kilomètres . Pas de blessure à signaler , c'est l'essentiel .
L'entraînement reprendra normalement le lendemain avec une semaine de VTT à la clef afin de digérer au mieux ces 50 kms.
Côté organisation :
- une trentaine d'euros pour des manchons, une bouteille de muscat, une boîte de sel de Gruissan et un t shirt finisher . Pas mal du tout.
- Comme d'habitude, une organisation énorme, rôdée avec un balisage parfait, clair.
- une proposition sur deux jours pour tous : course enfant , féminine, marche nordique, course courte, moyenne ou longue, relais ...
- un feu d'artifice le samedi soir
- un site magnifique
- et un temps cette année au rendez vous !
- à faire , à refaire et à apprécier
Côté perso :
Une étape de plus. J'en suis content d'autant que j'ai ressenti début février de belles douleurs au tendon d’Achille. 15 jours de VTT et celles ci ont totalement disparu. Ma préparation rime de plus en plus avec gestion. Alors j'écoute mon corps et je tente d'alterner les disciplines.
En analysant les chiffres , je viens d'enchaîner un neuvième mois consécutif au delà des 45 heures d'activité . J'ai l'endurance , j'en suis persuadé. Il faut que j'apprenne à ne pas en faire trop , à ne pas faire un enchaînement suicidaire de sorties qui pourrait ruiner tous mes efforts.
La préparation continue !
Prochaines étapes : le marathon de Spa ( 9 mars ), les 6h de Loos ( 24 mars ) et le marathon de Profondeval ( 31 mars )
Contrairement aux années antérieures ou je m'amusais à enchaîner deux marathons en deux jours , je vais réaliser une longue sortie vélo route ou VTT pour fatiguer l'organisme sans faire souffrir les articulations.