mercredi 6 octobre 2010

le trail du lion

Comme indiqué dans le titre j'ai couru ce dimanche le trail du lion à Bailleul. cette course fait partie du week-end consacré au grand trail du nord 2010 qui est composé de 4 epreuves :
- une course de 143 kms non stop
- une course de 72 kms nocturne
- un marathon nature
- un 17 kms .
N'ayant pour objectif que de battre mon record sur marathon fin octobre, je me suis donc inscrit à celui ci dans la perspective de faire des kilomètres (si possible à bonne allure !). En plus en regardant les résultats de l'an dernier, un podium est peut être envisageable ...

Nous voici donc au départ de Hautmont dimanche à 7 heures du matin pour aller déposer Gabriel chez mes beaux parents afin que ma femme puisse suivre la course tranquillement. Nous arrivons ainsi à Bailleul à 8 h 45 pour un départ à 9 h 30 . je vais chercher mon dossard, reste au chaud dans la voiture et commence doucement à me préparer. Le temps s'annonce bon et sec, il fait déjà une quinzaine de degrés et je me décide pour un tee shirt avec manchon que j'abaisserai si j'ai trop chaud.
Après le petit briefing, place au départ ou nous sommes une petite trentaine dont quelques femmes et aucun coureur n'a l'air particulièrement costaud. Le compte à rebours est lancé et nous nous élançons sur les premiers mètres de ce trail que l'organisation nous annonce pas particulièrement roulant (boue) et très difficile (surtout dans le passage en Belgique). a ma grande surprise je prends la tête tout de suite et en me retournant ne remarque personne dont la volonté est de me suivre. je vais donc rester tout seul, premier, étrange sensation, personne en point de mire !
Le début de la course est très roulant , bitumé et je cours à 13.5 km/h sans forcer pour en garder sous la pédale. Nous atteignons au bout de quelques kilomètres le plat pays ou les premières traces de boue apparaissent , rien d'extraordinaire quand on a déjà fait l'origole ou les citadelles !
cependant je commence à rattraper les concurrents du 143 kms qui terminent leur périple difficilement: les visages sont fermés, l'allure titubante et tous marchent ou sont affalés sur le bord de la route. A chaque fois que je double, même rengaine : felicitations les gars ! accrochez vous ! pour eux la boue est un vrai supplice , elle colle à leurs chaussures rendant les pas de plus en plus difficiles. heureusement pour moi, mes foulées sont encore aériennes et la melasse ne me dérange absolument pas.
Les kilomètres s'égrainent, je passe la première heure de course en 13.5 kilomètres et espère atteindre le premier CP à Werlunghem (ou un truc comme ça) pour apercevoir ma femme et avoir quelques encouragements. J'arrive donc dans le village , on m'envoie au CP , je rentre, les bénévoles discutent surprises de voir quelqu'un de pressé qui souhaite repartir le plus vite possible. finalement elle me pointe et je repars sans avoir perdu trop de temps. Le départ du village emprunte une partie du trajet de l'aller et je me rends compte que mes poursuivants sont loins. dans ma tête , les films commencent à se faire : le petit discours, le podium , la coupe ... n'importe quoi ! il reste encore près de 30 kilomètres ... mais pour l'instant tout va bien; le physique est bon et la rencontre avec ma femme , ses encouragements, ses quelques foulées à mes cotés me réconfortent au plus haut point: il n'y a plus qu'à tenir ... facile à dire !
le parcours défilent sous mes pieds, la présence d'un peu de boue et de côtes casse pattes rendent la course distrayante, mais nous empruntons toujours ces chemins au milieu des champs jusqu'au kilomètre 27 où nous arrivons à Warneton pour bifurquer vers la Deule que nous suivrons jusqu'à l'arrivée. Une voiture ouvreuse m'accompagne le long des rue du village, m'encourage et m'annonce que j'ai 3 minutes d'avance sur mon poursuivant. Je suis surpris de le savoir, un peu déçu de n'avoir que ces maigres secondes à gérer mais après tout la fin se rapproche et la victoire aussi.
Un second coucou à Claire qui me lance "j'ai téléphoné à tes parents pour leur dire que t'es premier !" super ... maintenant si je me fais doublé, j'ai l'ai d'un con !
le physique va toujours bien mais le parcours que je croyais plus facile à présent sur les berges de la Deule se complique à cause du vent de face. je maintiens cependant le rythme, passe à la deuxième heure de course en 27 kilomètres, l'allure est maintenue et durant les minutes qui s'ensuivent la tendance se confirme, je suis toujours régulier.
A un certain moment nous lâchons le lit principal de la Deule pour suivre un de ses bras sur quelques centaines de mètres afin de passer sur un pont et de relonger de l'autre coté ce même bras . je guette mes poursuivants , mais aussi loin que je puisse voir , personne n'approche. C'est à ce moment là que je suis sûr de gagner, il reste encore officiellement 10 kilomètres et je vais très bien ! allez David ! mais justement, on est au kilomètre 30 et sur le plan de la course , on devrait être à Deulemont ... les foulées continuent (c'est mieux pour courir !) et finalement nous arrivons au second CP dans le village précité avec 2 kilomètres de plus au compteur ! je prends un petit coup au moral mais me dit que ce doit être une erreur que nous allons reperdre ces mètres quelque part et j'avance encore et toujours vers (peut être) le plus beau jour de ma vie sportive . j'atteins le 36 eme km et je recroise ma femme (je me rends compte qu'il y a toujours 2 kms en trop ) , elle s'inquiète parce que je rattrape les derniers du 17 et se demande si parmi eux quelqu'un m'a doublé . Mais non, je tiens toujours et n'ose plus me retourner. je sens que le physique déconne , que la foulée se fait lourde , que le rythme baisse et surtout que les kms ne défilent pas : je suis cuit , je fais du 10.5 kms/h et n'arrive pas à accélérer !
finalement, j'arrive au kilomètre 39 en 3 heures, officiellement il me reste un seul et unique et tout petit kilomètre pour finir dans le château de Wambrechies, mais le long de la Deule, je ne vois pas cette ville, il n'y a toujours rien ... je suis sûr de me faire griller la victoire, cette victoire dont j'étais certain il y a 10 kilomètres qu'elle serait mienne.
allez , on continue, un pied , l'autre , surtout pas s'arrêter, boire ... putain 2 kilomètres c'est rien ! et finalement, délivrance , je vois au loin un pont, un château et tel un assoifé recherchant une oasis en plein désert, j'accélère , je passe de 10.5 à au moins 11 km/h ! pour atteindre l'arrivée en 3 heures 13 minutes et 41.8 kilomètres.
ma femme m'attend , me félicite , je suis content bien entendu mais je ne suis pas bien, la tête tourne, je ne peux rien avaler de solide alors j'enchaine les cocas pour remonter la glycémie et compenser les pertes hydriques.
d'habitude , je rejoins la voiture et je rentre à la maison mais aujourd'hui j'ai rendez vous avec mon premier podium chez les séniors ! j'attends (2 heures quand même) , j'apprends par la même occasion que j'avais pas 3 mais 8 minutes d'avance à Warneton , que le second m'a repris du temps mais finit tout de même avec 5 minutes 30 de retard et le troisième avec 35 minutes dans les dents !bon , OK , le niveau était peut être pas super relevé.
finalement, je récupère ma coupe , et suis heureux de gagner aussi des produits énergétiques et bon d'achat de 25 euros chez raidlight !

et depuis, je dors avec ma coupe ... !


seul hic : la carte mémoire sur laquelle toutes les photos se trouvaient s'est cassée et je n'ai aucune trace photographique de ma victoire ...
en plus , je n'ai reçu aucun coup de téléphone de l'équipe Salomon pour m'engager ... je m'en fous ...
j'ai fini premier !

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