Vous ne le savez peut être pas, mais vous avez devant vous une ancienne étoile du triathlon. Oui messieurs dames, vice champion régional de triathlon, champion du Languedoc Roussillon de duathlon, vainqueur de l'aquathlon du Rotary de Perpignan ... en 1996.
A cette époque, j'étais adulé. Durant la partie course à pieds je devais slalomer entre les sous vêtements que me jetaient ces demoiselles, à la sortie de la partie nage, ma transition était hyper rapide, aidée par mes groupies m'arrachant ma combinaison .
Oui, mais ça c'était avant. La bonne époque . Celle ou nous étions 2 ou 3 dans le peloton et ou même une enclume pouvait s’immiscer sur un podium un jour de grande forme.
N'empêche , cette période dorée m'aura permis de me qualifier pour les championnats de France à Grande-Synthe et de découvrir le Nord pour la première fois. Charmant coin pour une rencontre , d'un charme incontestable. Si je n'ai pas fui à ce moment là, il était certain que je finirai nordiste.
Le résultat de l'épreuve fut anecdotique. Les icebergs dans le lac furent délicats à contourner mais je n'étais pas le plus à plaindre car étaient aussi présents le champion de Martinique et de Guadeloupe (abandons au bout de 55 mètres causés par une hypothermie).
Et depuis cette date, rien. Le héros s'est rangé, fatigué par tant de succès.
Mais les légendes ne meurent jamais, elles restent seulement endormies attendant leur heure pour tenter un come back.
Mickael Jordan l'a fait, Manaudou l'a fait, Captrail le fera.
Et vlà-t'y pas que 19 ans après, je me retrouve à nouveau sur la ligne de départ d'un triple effort.
Le cadre est somptueux, véritable écrin de verdure adossé à la frontière belge, Watissart est une ancienne carrière de 25 m de profondeur noyée par le cours d'eau du même nom.
Je connais le lieu parfaitement pour y passer régulièrement à vélo ou en courant. je savais que les possibilités du site étaient nombreuses et que les difficultés pouvaient s'avérer délicates . Je le savais, mais à aucun moment je pensais qu'ils seraient capable de nous concocter un parcours aussi terrible compilant tout ce qui se fait de pire dans le coin.
A commencer par la natation. Le site est interdit à la baignade mais on nous assure que l'eau est propre. Equipé de ma nouvelle combinaison , je ressemble à un vrai professionnel du triathlon ou à un adepte de soirée SM égaré. Chacun son point de vue.
Un bref échauffement me permet de constater que l'eau est chaude (12°C , c'est chaud paraît il dans le nord ). Les bras répondent bien et mes deux mois d'entraînement en pleine mer me procurent une certaine confiance .
Léger briefing , j'y comprends rien. "Laissez les bouées main droite à l'aller puis revenez main gauche". Mais si j'utilise qu'une seule main à la fois, je vais tourner en rond, non ?
Pas grave, je suivrai le mouvement et me focaliserai sur les premiers concurrents afin de m'orienter.
Sous l'arche de départ, je fais moins le mariolle, déboussolé par une situation que je ne maîtrise pas encore. Le décompte débute .
3/2/1 et c'est parti.
Grosse cohue, façon tambour de machine à laver. Les gars courent et se jettent dans la flotte alors qu'il n'y a que 20 cms d'eau. De mon côté, j'adopte la foulée d'un David Hasseloff (période alerte à Malibu car maintenant ...), enchaîne des foulées bondissantes et lorsque la profondeur atteint les 50 cms et que je n'ai pieds que sur la pointe des orteils , j'enclenche la torpille.
Rapidement, je dépasse un gars et me retrouve seul. Pas de coups reçus, mes lunettes sont toujours à leur place et ma puce à la cheville tient le choc.
Je repère un canoë que j'estime être l'avant de la course et axe ma trajectoire sur lui.
Le moment est sympa, l'eau plutôt claire offre un choix varié de végétaux en suspension. On nage et on bouffe de la salade en même temps. Voilà donc le secret des corps ciselés des triathlètes !
Mes sensations sont bonnes mais je me retrouve encore et toujours isolé. Je lève la tête une paire de fois afin de repérer d'éventuelles personnes me signalant une erreur d'aiguillage mais rien, sinon des hommes grenouilles placés à divers endroits de ces 800 m pour assurer la sécurité.
Le temps passe rapidement et au bout de 10 minutes je sors déjà de l'eau. On m'annonce second. Putain, ce devait être de la salade à l'EPO ou la fameuse "eau propre" m'a fait poussée des écailles !
Pas le temps de tergiverser. J'enlève la combi à l'arrache. Dire qu'à l'achat , elle est fournie avec des petits gants blancs pour éviter de la déchirer ...
J'arbore maintenant une superbe trifonction ( achetée en solde chez décat que je teste aussi pour la première fois ). Je mets pas de chaussettes, j'ai pas de slip sous ma tenue, un vrai pro vous dis je !
j'enfourche mon VTT et prends la tête de la course ! Une ovation énorme s'empare de la foule , les malaises se multiplient face à tant d'émotions.
5m de vélo, pied à terre. La côte est trop grosse pour le braquet que j'ai. Merde , j'ai l'air d'un con et je pousse déjà ma bécane. Faut dire que même si j'ai progressé , la partie cyclo a toujours représenté mon point faible.
Le parcours de 19 kms est constitué d'une boucle que l'on doit enchaîner 4 fois ( ou 5 ... je sais plus , la faute à la salade radioactive certainement). Rien de roulant, que de l'affreux. Des côtes à foison et bien raides , des descentes vertigineuses et techniques , des ornières, de la boue, une traversée de rivière, des enchaînements nécessitant une bonne technique dans le changement de braquet. Bref, trop pour moi. Je perds de nombreuses places . Je souffre clairement d'un déficit de puissance dans les côtes alors que le palpitant répond parfaitement. Je me fais doubler par des mecs qui maintiennent une vitesse époustouflante.
Seules les descentes m'offrent un certain répit dans la mesure ou je ne crains pas les vitesses excessives et ou je multiplie les figures de style ( malheureusement non notées en triathlon).
1h08 de VTT pour 19 bornes (12ème temps des engagés à plus de 10 minutes du premier). c'est dire la difficulté du parcours.
Après l'euphorie aquatique, les déboires cyclistes m'ont permis de reposer les pieds sur terre et m'ont minés quelque peu le moral.
Je rentre dans le parc à vélo, balance mon destrier ( qui roule pas aussi vite que les autres alors que les freins ne touchent même pas les disques ! ) et m'élance à la conquête du temps perdu .
7 kms de trail. Ma spécialité. Quelques secondes marquées par une certaine lourdeur dans les jambes pour digérer le changement de discipline et le rythme s'accélère sensiblement. Comme pour le parcours VTT, nous avons droit à de belles côtes, des descentes sympas et des monotraces zigzagants dans les bois. Du bonheur. D'autant que je double de nombreux coureurs usés par les efforts fournis préalablement.
La présence de spectateurs répartis tout le long du circuit me permet de connaître l'écart avec mes prédécesseurs . La motivation poussée à l'extrême , je gratte place sur place.
Une crampe dans les 500 derniers mètres mettra fin à mes velléités du jour. Mauvaise hydratation, erreur de débutant. L'enchaînement des trois disciplines bouscule mes repères acquis en course à pied.
Je termine finalement cinquième à quelques mètres de la quatrième place en 1h51 . J'hérite du second meilleurs temps en trail ( 30 min pratiquement 14 km/h de moyenne sur le circuit , pas si mal).
Je finis frais (à 3 minutes du second ) et content de renouer avec un passé si lointain. La redécouverte du triathlon ne sera pas sans lendemain et constituera un des gros objectifs 2016 avec la réalisation d'un ironman (ou distance équivalente) à Gravelines ou aux Angles, chez moi dans le sud.
Extrême nord ou extrême sud, qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse !
Côté organisation :
- parcours génial . Un tracé intelligent, difficile, varié et bien balisé. De grandes félicitations à l'orga.
- un photographe présent : de belles photos, merci à lui.
- peu de monde car l'épreuve a été officialisée tardivement , beaucoup de non licenciés d'où un niveau général pas extraordinaire.
- des juges pas toujours sympas ... monsieur oui, madame moins. Peu de personnes connaissaient les us et coutumes du triathlon (moi le premier) alors il faut expliquer, faire preuve de pédagogie au lieu de râler !
En toute honnêteté, je pense que dans l'avenir l'épreuve va crouler sous les inscriptions. Le lieu , trop méconnu, est formidable . Il offre une exceptionnelle vitrine à notre avesnois trop souvent décrié.
Le principal problème résidera dans la gestion d'un plus gros peloton sur ce type de tracé à plusieurs tours ou certaines parties sont communes aux vélos et aux coureurs.
Je fais toute confiance à l'orga pour nous dégoter de nouvelles idées pour l'année prochaine et les félicite encore pour le travail accompli !
Côté perso :
Les 240 bornes de l'intégrale de Riquet sont bien digérées. Les jambes répondent parfaitement et seule
la motivation me fait actuellement un peu défaut.
La faute à une suite de saison sans objectifs particuliers. J'ai devant moi 2 ou 3 mois pour lever le pied, travailler la vitesse et faire une paire de petites courses nerveuses.
2016 arrivera vite et j'ai déjà un beau calendrier en tête !
Résultats ...
ICI !