Plus le temps avance et plus je me rends compte qu'au delà de tel ou tel circuit, c'est la course à pied sous toutes ses formes que j'apprécie.
Il y a quelques années, face à mon incapacité à passer en deça des 3 h 00 sur marathon, j'ai juré qu'on ne m'y reprendrait plus, que la route , c'était terminé . Qu'il était totalement idiot de courir après la montre , de souffrir à l'entraînement en se bouffant des lignes droites à fond ou autre 30/30 qui font monter la gerbe au fond de la gorge . Ou est le plaisir dans tout ça ?
Lorsqu'on s'imagine, avec le sac sur le dos , libre et l'horizon dégagé à perte de vue, l'appareil photo dans la poche, profitant à chaque pas des merveilles que peut offrir notre environnement ... comment peut on un instant imaginer revenir à cette épreuve qu'est le marathon ?
Si on élimine la folie, quoique les dernières courses de 6 heures ne m'ont pas fait du bien ... que reste il ?
Simple. Lorsque je vois un terril, je ne pense qu'à l'escalader, lorsque je longe un canal, je me demande jusqu'où il pourrait m'amener . Toujours au delà, vers l'inconnu, attiré par la découverte, friand de nouvelles expériences .
Au final , dans mon cas, peut importe le revêtement tant que j'ai l'ivresse pédestre.
En pleine préparation intensive de l'armorbihan, je considère cette course comme une sortie longue à petite allure. L'objectif du jour est d'en prendre plein les yeux et accessoirement de suivre le ballon des 3 h 30 qui devrait me proposer une allure tranquille propice à une observation béate des curiosités locales.
L'arche de départ trône au milieu de l'avenue Coolsingel. Autour, une rangée d'arbres encadre ce ruban de bitume et cache les nombreux immeubles qui pointent leur flèche vers le ciel relativement dégagé. La température est idéale, un léger vent souffle .
Les minutes défilent et progressivement les 13500 coureurs inscrits viennent s'agglutiner à l'intérieur des nombreux sas mis en place. Certes, les Kipchoge, Koech ou autre Kipyego profitent d'une partie élite qui leur est réservée, mais eux comme nous prenons le même départ. La gong n'a toujours pas retenti et j'ai déjà 50 mètres de retard , trop fort ses coureurs des hauts plateaux ...
Du haut de mon mètre 65, je ne vois pas grand chose, ni devant, ni derrière. J'entends le speaker, motiver l'ensemble du peloton et commencer à entonner le célèbre " you never walk alone", hymne légendaire des reds de Liverpool. Je reste sceptique , nous sommes loin des musiques traditionnelles de départ et que vient faire, au milieu du fief du feyenoord , ce chant ?
Réponse ... (suspense ) ... j'en sais rien ! j’émets cependant deux hypothèses en imaginant que c'est pour honorer la mémoire des victimes du drame du Heysel ...ou tout simplement pour l'image : c'est sûr qu'avec 13500 inscrits on va pas courir souvent tout seul !
Bref, le peloton vibre, les gorges résonnent et le stress de départ s'évacue grâce à l'émission de ces brèves notes de musique. Le moment est magique !
Enfin, nous y sommes . Le départ est donné. Alors que les kényans s'élancent avec fougue, nous marchons. alors que les kényans bouclent leur premier km, nous marchons. Alors que je commence à me demander si un marathon ça se court , je commence enfin à trottiner !
Il y a du monde partout, le rythme est faible, impossible de zigzaguer au milieu de cette forêt de jambes. Je prends mon mal en patience d'autant qu'observer les environs peut s'avérer dangereux et être à l'origine d'une chute. Donc , je me concentre ... garde ta trajectoire , garde ta trajectoire , regarde à gauche, regarde à droite, double, ralenti ... ultra concentré, les kms s’égrainent très rapidement.
Cependant, j'assiste assez vite à un moment hors du temps. Suspendu entre eau et ciel, le pont Erasme nous permet de vivre quelques minutes intenses. Long d'un peu moins d'un km au dessus de la nouvelle Meuse, ce passage restera longtemps dans ma mémoire. Encadré par deux gros bateaux projetant chacun 3 énormes jets d'eau, l'instant est impressionnant. Contrairement à mon allure ...
Je perds continuellement du temps sur les 3 h 30. Pas que je m'inquiète , je sais que je rattraperai le ballon à un moment mais je ne prends pratiquement pas de plaisir. L'attention est centrée encore et toujours sur les grappes de coureurs qui m'escortent. La route pourtant large à cet endroit parait étroite. Je suis obligé de prendre des risques , courir dans l'herbe , sur les trottoirs ... et m'extirper de cette masse .
Malheureusement, dès que je m'extrais d'un groupe , j'en intègre un autre et je répète à nouveau mes embardées sur les trottoirs . Sincèrement, ça m'a gonflé. Lors d'une pause pipi ... je décide finalement d'une nouvelle stratégie de course.
Puisque 3H30 semble brasser un sacré nombre de coureurs, je vais accélérer et aller chercher les 3H15 pour voir si le peloton est plus clair . Plus dur à faire qu'à dire .
Vers le km 12 je double enfin (!) le ballon des 3H30 et commence ma folle chevauchée ...
Les espaces se libèrent, l'ambiance est excellente et mes jambes répondent bien, préservées par ce début de course timide.
Je grapille des places par dizaine et vu que le paysage n'est pas particulièrement attrayant, je m'amuse à scruter les maillots de mes compagnons ponctuels : ici un débardeur letton, là un brésilien, ici un chinois, là un japonais ... un melting pot culturel incroyable.
L'objectif d'atteindre les 3h15 est rempli vers le km 25. Je me cale à l'avant de ce groupe pour assimiler l'accélération que je viens de porter. Mais je me sens particulièrement bien et je prends , sans le vouloir, quelques mètres d'avance. Je ralentis, attends et repars. Après plusieurs répétitions de ce petit jeu, je décide de fausser compagnie au porteur du ballon et de tenter l'aventure seul .
A partir de là, je ne vais faire qu'accélérer au fil du temps ,persuadé qu'à un moment donné , je vais payer cet excès de zèle. Pourtant, les jambes ne sont pas lourdes , le souffle toujours serein.
je passe au 39ème en 3'55 min/km. les suivants seront à peu près du même ordre et me permettront de rallier l'arrivée rapidement en 3H05.
Je récupère ma médaille et vais retrouver ma femme pour rentrer tranquillement à la maison. Ma femme a vécu la course différemment ... après s'être fait virer du macdo pour avoir squatté une table trop longtemps, elle a été heureuse de constater que tous les magasins étaient ouverts ce dimanche ... malheur ! si je l'avais su , j'aurais certainement accéléré ...
Voilà un beau weekend qui se termine . Je n'ai pas abordé de nombreux points ... et je vais tacher d'en faire le tour :
- Les ravitos : chaque 5 kms est proposé de l'eau plate ou de l'eau isotonique spéciale effort . Rien de plus, pas de nourriture, pas de coca, rien. J'ai été très surpris !
De ce fait, le public tend régulièrement bananes, gels, bonbons ...
- Entre deux ravitos , des zones de rafraichissement sont installées afin de pouvoir s'éponger.
- des DJs sont répartis sur l'ensemble du parcours entretenant une ambiance festive. Mention spéciale pour les 2 portant une veste à poil rose et bleu et portant le volume sonore à un niveau inégalé !
- le parcours composé de 2 boucles différentes (27 et 15 kms) est extrêmement roulant. Si je dois tenter de battre mon record , je le ferai ici. 2 ou 3 légers raidillons quelques faux plats descendants, pas de pavés ...
- des sas clairs et accessibles
- une expo marathon basée dans un lieu sympa
- le retrait des dossards rapide et efficace d'où l'on repart avec un tee shirt new balance aux couleurs du marathon
- les porteurs de ballon se basent sur les temps officiels et pas réels. Du coup quand j'étais avec un des ballons, j'avais 2 ou 3 minutes d'avance sur le temps estimé. Dangereux , car on peut facilement se cramer ...
- les dossards sont à améliorer : pourquoi 2 (un devant , un dans le dos ) ? quel est l’intérêt ? pourquoi, en plus du nom, ne pas mettre un petit drapeau du pays d'origine du concurrent ? Les seuls à avoir des drapeaux étaient les hollandais avec le drapeau de leur région d'origine.
- L'arrivée : sas clair, large mais ici aussi , choix limité : eau , boisson iso et banane . C'est tout .
3 jours après la course, j'ai encore une cuisse très douloureuse m’empêchant de reprendre normalement l'entraînement . Je suis satisfait , evidemment , du résultat mais aussi un peu déçu . Aurais je été capable de passer sous les 3 heures avec un départ plus rapide ou aurais je explosé ? Nous ne le saurons jamais ...
Cela met en exergue la façon de s'entraîner : lorsque j'avais réalisé 2H59, j'avais enchaîné les séances de fractionnés. Cette fois ci, rien ! aucun fractionnés, rares séances à plus de 12km/h mais beaucoup de volumes : longues sorties enchaînées, des 6 heures ... Ou est la bonne option ? certainement dans un mélange des 2 . Cela me laisse espérer une capacité à descendre aux alentours des 2h50/55 avec une préparation étudiée et précise. Nous verrons ça dans le futur mais pas trop lointain ... je me fais vieux !
Prochaine étape ... l'entraînement et les offs ! pas de courses prévues dans un avenir proche (jusqu'au marathon de la route du Louvre le 11 mai)
Km 5 : 24'09
Km 10 : 23'49
Km 15 : 23'07
Km 20 : 21'27
semi : 1'37'17
Km 25 : 21'11
Km 30 : 21'45
Km 35 : 20'34
Km 40 : 20'33
final : 3'05'27
Résultats ICI
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Et bien bravo pour ce marathon. Pour ton aisance sur le second semi, je pari plutôt sur le fait de ton départ "lent".
RépondreSupprimermoi aussi ... je pense que la seconde partie de saison sera centrée sur cet objectif : battre mon record sur marathon et découvrir une autre grande course . Pourquoi pas Bruxelles ?
SupprimerBruxelles, c'est vraiment pas un parcours pour faire un temps...
RépondreSupprimerEn attendant, bravo pour ton marathon à Rotterdam !
merci !
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